Une semaine en Europe #1 : 14-18 juin 20216 minutes de lecture

Pendant la période estivale, Causons d’Europe change de format et vous propose quelques grandes actualités européennes. Et comme nous en avons pris l’habitude cette année, pas de Covid dans nos lignes !

Les échos des Balkans

Direction les Balkans pour commencer. Seules la Croatie et la Slovénie sont aujourd’hui membres de l’Union. Les autres pays qui composaient la Yougoslavie – Serbie, Bosnie, Monténégro, Kosovo, Macédoine – aspirent à y entrer. Les négociations sont d’ailleurs au mieux, entamées et au pire, envisagées.

Concernant la Macédoine, un problème de taille se pose. Tous les Etats de l’Union doivent approuver l’entrée d’un nouveau pays dans l’Union. Or, la Bulgarie ne dira oui qu’à condition d’éclairer certaines disputes historiques avec le voisin macédonien. C’est tout l’objet d’une nouvelle réunion qui s’est tenue le jeudi 17 juin. Les autorités bulgares et macédoniennes sont restées prudentes sur leurs avancées.

A Bruxelles, c’était les dirigeants kosovares et serbes qui se rencontraient à nouveau, sous l’égide de l’Union, pour tenter de régler leurs différends. (voir nos articles sur le sujet). A l’heure où nous publions, le chancelier autrichien Sebastian Kurz recevait les chefs d’Etats des Balkans occidentaux (Serbie, Kosovo, Monténégro, Bosnie et Macédoine). Au menu, l’adhésion à l’Union et la lutte contre l’immigration illégale. Le tout, sur fond de tensions liées à l’Euro de Football (voir plus bas).

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Tensions autour de l’indépendance de la Catalogne en Espagne

L’Espagne s’est à nouveau chauffée autour de l’indépendance de la Catalogne. En cause, les possibles grâces qu’accorderaient le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez à 12 dirigeants catalans. Ceux-ci avaient joué un rôle de premier plan dans l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne il y a quelques années. Un référendum jamais reconnu et surtout présenté comme un acte de sédition. L’affaire avait dépassé les frontières. Carles Puigdemont, chef de file des indépendantistes, avait perdu son immunité parlementaire de député européen. La procédure est aujourd’hui suspendue.

Ces possibles grâces ont conduit 25 000 personnes à manifester à Madrid le 13 juin sous l’égide des partis de droite (parti populaire, Vox, Ciudadanos). Là où certains y voient une nécessité pour normaliser les relations entre Madrid et la Catalogne, d’autres l’interprètent comme une concession.

Lire aussi : Les indépendantistes catalans perdent leur immunité parlementaire

Un crochet par la Hongrie

Les jours passent et se ressemblent pour la communauté LGBT+ en Hongrie. On savait le Premier ministre Viktor Orban très attaché à la famille traditionnelle. Cette vision est désormais bien ancrée dans la loi hongroise, avec le vote, le 15 juin, d’un texte de loi « interdisant les programmes éducatifs, les produits et la publicité sur le thème LGBTQI pour les moins de 18 ans ». Selon l’ONG Hatter, il est également question d’interdire « l’apparition de personnes LGBTQI dans les publicités sociales et [ … ] un programme éducatif sur le thème LGBTQI programme qui mentionne l’existence de personnes homosexuelles et transgenres ». Le gouvernement soigne sa communication, et estime que « les enfants doivent être protégés et que leur éducation sexuelle doit rester le seul droit et la responsabilité des parents ». Mais la seule question qui se pose est : les protéger de quoi ?

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La politique s’invite à l’Euro de football

L’Euro de football a débuté il y a peu, avec son lot d’affaires politiques explicites ou plus discrètes.

  • L’Azerbaïdjan accueille Turquie – Pays de Galles

Le match Turquie – Pays de Galles s’est déroulé à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. L’engouement de la population pour l’équipe turque n’a rien de surprenant. Les deux Etats parlent le turc et se sont récemment rapprochés pour combattre l’Arménie voisine, dans le cadre du conflit dans le Haut-Karabagh. Le président turc Erdogan a en effet apporté un soutien important à son homologue Aliyev, y compris lors de ses déclarations les plus belliqueuses envers l’Arménie.

Lire aussi : Aux marges de l’Europe : l’Arménie et l’Azerbaïdjan en conflit

  • Arnautovic ravive les tensions des Balkans

Lors de la rencontre Autriche – Macédoine, Marko Arnautovic, autrichien d’origine serbe, a crié à Ezgijan Alioski, joueur nord-macédonien, « je baise ta mère albanaise ». L’incident a été réglé entre les deux joueurs mais la fédération macédonienne de football a demandé une sanction. Arnautovic n’a pas joué contre les Pays-Bas. Derrière l’insulte se cachent à plus grande échelle les tensions toujours perceptibles entre des Etats qui étaient tous unis au sein de la Yougoslavie il y a 30 ans. Dans un article payant, Libération estime d’ailleurs la compétition comme une chance pour la Macédoine pour apaiser les divisions ethniques.

Mais un autre enjeu s’ajoute à la présence de la Macédoine du Nord à l’Euro. Faut-il parler de Macédoine, ou de Macédoine du Nord ? La Grèce rappelle les accords signés en 2018 qui demandent d’employer les termes de Macédoine du Nord. Elle estime en effet que la Macédoine renvoie à une province grecque célèbre pour Alexandre le Grand.

Lire aussi : L’Eurovision, miroir des tensions historiques et identitaires entre Bulgarie et Macédoine du Nord

  • Conflits territoriaux derrière la Russie, l’Ukraine et la Finlande

La présentation du maillot de l’Ukraine pour l’Euro n’a pas plu au voisin russe. Les contours du pays apparaissaient en filigrane, y compris les régions séparatistes pro-russes et la Crimée annexée par la Russie en 2014. Dans la nuque, on pouvait aussi lire le message « gloire à nos héros ». L’UEFA a demandé le retrait de cette mention jusqu’à trouver un compromis. Toujours avec la Russie, c’est cette fois en Finlande qu’il faut partir. Plus précisément, en Carélie, région que se disputent les deux Etats, annexée par Staline en 1947.

Lire aussi : Nouvel épisode de tensions entre l’Ukraine et la Russie

  • Angleterre-Ecosse, le match du Brexit

Enfin, derrière la confrontation entre deux Etats de Grande-Bretagne, c’est bien sûr la question de l’indépendance écossaise qui s’invite en tribune. Qui plus est, à la suite des élections du mois de mai. Les indépendantistes ont conforté leur assise au Parlement écossais, là où Boris Johnson, Premier ministre britannique, ne veut pas entendre parler, justement, d’indépendance.

Lire aussi : Réélection de Sadiq Khan à Londres, percée des indépendantistes en Ecosse : synthèse des scrutins britanniques

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.