Réélection de Sadiq Khan à Londres, percée des indépendantistes en Ecosse : synthèse des scrutins britanniques4 minutes de lecture

Le Royaume-Uni a entamé son mois de mai 2021 par d’importantes échéances électorales initialement programmées en 2020. Des scrutins très surveillés notamment en Angleterre et en Ecosse où les conservateurs et les indépendantistes écossais étaient attendus au tournant.

Elections locales en Angleterre

En Angleterre, les élections locales figuraient comme un test pour le Premier ministre conservateur, très clivant Boris Johnson. Les premiers mois post-Brexit voient l’apparition de nombreuses tensions : le réveil des souhaits d’indépendance en Irlande ; les difficultés de mettre en œuvre la nouvelle frontière maritime en Irlande du Nord et la réorganisation difficile des relations avec l’Union sont des dossiers délicats qui mettent « BoJo » sur le gril.

Lire aussi : Tensions communautaires en Irlande du Nord

En face, les travaillistes du Labour Party menés par Keir Stramer se confrontaient aux urnes pour la première fois depuis le départ de Jeremy Corbyn, leur ancien chef de file. Celui-ci avait démissionné à la suite de la large défaite des travaillistes aux élections générales – l’élection des parlementaires qui siègent à Westminter –, son ambiguïté concernant l’antisémitisme et sa difficulté à se positionner sur le Brexit.

A l’issue du scrutin, les travaillistes conservent la mairie de Londres. Sadiq Khan a en effet été réélu pour un second mandat consécutif. Le Labour garde également la municipalité de Bristol, Cambridge, et de façon plus générale, l’Ouest de l’Angleterre. Les Torries – conservateurs – s’imposent dans les Midlands, une région située entre Londres au Sud et Liverpool au Nord. Les conservateurs se targuent enfin d’un important succès dans le Nord-Est du pays, région ayant subi de plein fouet la désindustrialisation.

Le vote du Brexit et ce scrutin ne sont pas comparables. En 2016, une ligne claire apparaissait entre les grandes villes qui souhaitaient rester dans l’Union et les campagnes, qui voulaient la quitter. Les clivages politiques sont tout à fait différents dans ce cas de figure. Si J. Corbyn n’avait pas de position tranchée vis-à-vis du Brexit, il semble que ce soit également le cas pour l’électorat travailliste.

En Ecosse, les indépendantistes renforcent leurs positions au Parlement

Le Parlement écossais s’est installé à Edinbourg en 1999, au moment où Londres souhaitait décentraliser son pouvoir partout dans le Royaume-Uni. Ainsi, l’Ecosse et le Pays de Galles se sont dotés de Parlements locaux. Mais chaque chambre a bien sûr ses compétences. Ainsi, le Parlement de Westminster, à Londres, où siègent les Communes et les Lords, ont le monopole sur les questions de défense, d’affaires étrangères, d’imposition et de sécurité sociale.

Lire aussi : Causons d’Angleterre

La question de l’indépendance de l’Ecosse n’est pas nouvelle. En 2014, l’électorat écossais se prononçait contre à l’issue d’un référendum. Mais en juin 2016, il s’est prononcé largement pour rester membres de l’Union. Les derniers sondages tendent tous vers la même direction : les indépendantistes seraient victorieux. Et B. Johnson le sait bien, c’est d’ailleurs pour ça qu’il s’oppose à cette démarche.

Lire aussi : Causons d’Ecosse

En revanche, les Ecossais le souhaitent davantage au regard du scrutin du 6 mai. Le Scottish National Party (SNP) de Nicola Sturgeon a conforté sa majorité au Parlement. Le SNP occupe désormais 64 sièges, à un siège de la majorité absolue. Les conservateurs conservent leurs 31 sièges, les Verts gagnent du terrain, eux qui pourraient apporter leur soutien aux indépendantistes.

L’agenda du SNP est aujourd’hui clair. D’abord, remplir les formalités post-électorales : désigner la présidence du Parlement, élire le Premier ministre qui formera ensuite un gouvernement. Et ensuite, organisation d’un référendum. Mais tout ne sera pas aussi simple qu’il n’y parait. A la suite des résultats, B. Johnson souhaite organiser une réunion avec N. Sturgeon, au cours de laquelle le référendum occupera bien sûr une place de choix.

Lire aussi : Brexit, le Royaume-Uni ne fait officiellement plus partie de l’Union

Dans l’hypothèse où Johnson accepterait un référendum et que le « oui » à l’indépendance l’emporterait, l’Ecosse ne retrouverait pas tout de suite l’Union. Elle devrait d’abord reprendre le processus d’adhésion à zéro, qui s’étale sur plusieurs années si tout se passe bien. Elle devra également réorganiser ses relations avec Londres. Est-ce que tout se passerait bien ? Les heurts actuels entre le Royaume-Uni et l’Union en donnent un aperçu.

Plus de publications

Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.