Renouvellement de l’aide humanitaire européenne dans la Corne de l’Afrique4 minutes de lecture

L’Union européenne vient de renouveler son aide humanitaire à la Grande corne de l’Afrique. Un appui bienvenu, voire indispensable, pour une région meurtrie par les conflits et les aléas climatiques.

Des pays aux problématiques similaires

Dire que la Grande corne de l’Afrique – Soudan du Sud, Ouganda, Kenya, Somalie, Ethiopie, Djibouti – concentre tous les maux de la terre n’est pas une déformation de la réalité. Au point que ces 149 millions d’euros d’aide humanitaire européenne paraissent bien dérisoires. La plupart de ces fonds sont dédiés à l’aide humanitaire. Ils sont mobilisés pour répondre à quatre grands enjeux : la pandémie de Covid-19 ; le changement climatique ; l’invasion de criquets pèlerins ; les conséquences des conflits.

Ces quatre facteurs cumulés produisent une situation dramatique pour les populations locales. En termes de chiffres, la région regroupe environ 4 millions de réfugiés, 11.5 millions de personnes déplacées. Les personnes concernées par l’insécurité alimentaire et l’aide humanitaire se comptent également en dizaines de millions. Cette assistance relève de nombreux domaines, allant de la santé à l’hygiène, en passant par l’accès à l’eau et l’éducation des enfants. Au Soudan du Sud et en Ethiopie, l’aide européenne prévoit 30 millions d’euros pour des projets d’éducation. Les pays concernés sont en proie à des conflits de longue date, que nous détaillerons plus bas. Mais ces deux dernières années, ils ont du affronter des phénomènes naturels, en plus du Covid-19.

Par exemple, le Kenya a été frappé par d’importantes inondations et l’invasion des criquets pèlerins. Cette combinaison a détruit une grande partie des cultures, privant ainsi la population d’une nourriture déjà très prisée. Les inondations ont par ailleurs des conséquences sur l’élevage de bétail et ont forcé des familles à se déplacer suite à des glissements de terrain. Enfin, le pays accueille des réfugiés dans des camps, en provenance du Soudan du Sud, de la République démocratique du Congo et de l’Ouganda voisins.

Lire : Nouvelles aides humanitaires européennes à la Syrie

Une goutte d’eau dans un océan de malheur ?

Ces pays concernés par cette nouvelle enveloppe d’aide humanitaire se caractérisent par des contextes politiques instables voire conflictuels. Trois Etats sont engagés dans des conflits plus ou moins récents, mais qui frappent de plein fouet les populations civiles.

Le Soudan du Sud est un jeune Etat, issu du Soudan et indépendant depuis 2011. Une guerre civile s’y déroule depuis 2013 sur fond de rivalités politiques pour prendre la tête du pays. La mission de l’ONU MINUSS, chargée du maintien de la paix, a entamé son retrait fin 2020. Mais la situation reste fragile, si l’on ajoute les affrontements entre les différents groupes ethniques et clans qui organisent la population civile.

La Somalie est aujourd’hui divisée en trois entités et aucune d’elles ne s’apparente à un Etat. Le territoire est divisé entre le Puntland, le Somaliland et les restes de la Somalie. Plusieurs conflits s’y déroulent, mais c’est notamment la lutte menée par les forces gouvernementales contre les Shebbab, un groupe armé d’obédience religieuse qui fait le plus de dégâts. Ces derniers mènent régulièrement des attaques aveugles contre les civils, qui subissent également les violations du droit international humanitaire.

Plus récemment, c’est l’Ethiopie qui a fait son retour sur le chemin de la guerre. Le 4 novembre, le gouvernement a envoyé des troupes dans la région du Tigré. Les forces gouvernementales y combattaient des forces locales composées de paramilitaires et de milices locales. Amnesty International, une ONG spécialisée dans la défense des droits humains, a rassemblé des documents montrant que l’armée érythréenne voisine a profité de la situation pour exécuter des civils. Rappelons que l’an dernier, le Premier ministre Abiy Ahmed avait reçu le Prix Nobel de la paix pour son rôle dans le processus de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée.

Ces pays déstabilisés où règnent une violence endémique nécessitent une aide humanitaire extérieure, c’est indéniable. Cependant, ces aides n’arrivent pas totalement à bon port. Les groupes armés s’en emparent régulièrement. Il est alors difficile de penser que ce sont bel et bien 149 millions d’euros d’aide qui arrivent à destination, une situation qui balaie les probabilités de voir ces Etats stables et les populations civiles hors de danger à moyen terme.

Plus de publications

Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.