Nouvelles aides financières européennes pour porter secours à la Syrie4 minutes de lecture

La cinquième conférence de Bruxelles sur « l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région » s’est tenue les 29 et 30 mars derniers. A cette occasion, la communauté internationale a levé 5,3 milliards d’euros de dons à destination de la Syrie et ses pays voisins, en particulier, l’Irak et la Jordanie. Une aide toujours nécessaire dans un espace meurtri par des décennies de conflits.

Etat des lieux d’un pays exsangue

La Syrie vit au rythme de la guerre depuis dix ans. Et ce, dans une région instable voire en conflit depuis des décennies. En 2011, une vague de contestations populaires et jeunes frappe les pays du Maghreb. Puis, les soulèvements gagnent le Moyen-Orient. On parle depuis de Printemps Arabe(s). Les manifestations pacifiques ont un objectif principal : plus de démocratie. En Syrie, c’est le régime de Bachar Al-Assad qui est visé.

Mais rapidement, la situation dégénère. Le mécontentement est réprimé et le pays bascule dans la guerre civile. D’un côté, le régime en place, soutenu par l’Iran et la Russie notamment. De l’autre, les rebelles, des groupes armés organisés dans l’armée libre syrienne, des Kurdes… soutenus entre autres par le Etats-Unis, la Turquie et la France Par ailleurs, c’est à cette période que l’Etat islamique ou Daech est proclamé en Syrie et en Irak. En Syrie, il s’installe par exemple dans la ville de Raqqa, au Nord.

Dix ans plus tard, le bilan est lourd sur tous les plans. D’abord, on dénombre plus de 380 000 morts, plusieurs millions de déplacés dans les pays voisins – notamment en Turquie, en Jordanie, en Egypte et en Irak – 13,4 millions de personnes dépendant de l’aide humanitaire. Les droits humains ont été piétinés. En témoigne notamment l’utilisation d’armes chimiques par le régime sur les populations civiles. L’économie est en berne, la monnaie syrienne a une très faible valeur. Le pays a bien sûr subit les bombardements. En résumé, le pays est un champ de ruines. Sauf le régime, qui est toujours en place, face à une opposition politique inexistante.

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L’assistance européenne, entre aide humanitaire et à la reconstruction

Les pays occidentaux n’ont pas brillé par leurs exploits militaires en Syrie. Et ce, en dépit de la ligne rouge à ne pas dépasser qui, finalement, l’a été. Nous faisons référence, ici, à l’emploi des armes chimiques sur les civils. L’Union européenne a suivi la même ligne. La dernière conférence de Bruxelles a permis de lever 5,3 milliards d’euros de dons. Notons que l’Union figure comme le premier donateur d’aide humanitaire. Elle a en effet mobilisé près de 25 milliards d’euros pour ce poste. Parmi ces dons, l’Allemagne s’est engagée à verser 1,74 milliard d’euros, les Etats-Unis, 510 millions.

Selon l’ONU, c’est encore insuffisant. L’organisation internationale tablait sur une récolte de minimum 10 milliards de dollars. De manière plus explicite, Oxfam France estime que ce fossé entre les attentes et les résultats « confirme que les craintes que les donateurs n’entendent pas les appels de millions de Syriens qui ont fui leurs foyers et dont les vies ont été déchirées par dix ans de guerre. »

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Depuis dix ans, la politique d’aide européenne à la Syrie est organisée autour de deux stratégies. La première est une stratégie nationale. Elle vise à mettre un terme au conflit – pouvait-on s’attendre à autre chose ?- ; à promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et la reconnaissance des crimes de guerre et enfin, à répondre aux besoins humanitaires. La seconde, d’ampleur régionale, assistait la lutte contre Daech par différents moyens. Il s’agissait par exemple de réduire son approvisionnement en armes, en effectifs et en fonds. Des sanctions contre des personnes, des pressions financières et des exportations d’équipements médicaux complètent ces dispositifs. Dans les pays voisins, comme en Jordanie, l’Union intervient sous forme d’un soutien à l’éducation des jeunes.

Cependant, une question demeure : Quel est l’impact réel de toutes ces actions ? La raison d’être des contestations de 2011 était le désir de démocratie. Le régime de Bachar Al-Assad est aujourd’hui toujours debout, tandis que les espoirs de changement se sont tus, pour de nombreuses années.

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.