La Serbie s’éloigne de l’adhésion à l’Union européenne3 minutes de lecture

L’adhésion d’un Etat européen à l’Union est un processus qui nécessite plusieurs années de travaux et de négociations en tous genres. Celle-ci peut être encore plus complexe si des manquements aux conditions d’entrée sont constatés, comme c’est le cas dans la Serbie du président Aleksandar Vučić. Explications des dernières actualités.

Le processus et les conditions d’adhésion à l’Union

Trois séries de critères, appelés critères de Copenhague, doivent être impérativement remplis par les États désireux d’entrer dans l’Union :

  • Politique : des institutions stables et démocratiques, l’État de droit, droits de l’Homme et des minorités garantis.
  • Économie : un système économique capable de résister au marché et à la concurrence au sein de l’Union.
  • Aspects juridiques : engagement à respecter les obligations liées à l’adhésion et à l’union économique et monétaire.

Le processus d’adhésion comporte lui aussi trois étapes. Lorsqu’un pays obtient la perspective d’adhésion à l’Union puis remplit les conditions d’entrée, il devient officiellement un pays candidat. Ensuite s’ouvrent seulement des négociations qui débouchent sur un traité d’adhésion. Ce traité doit être approuvé par le Parlement européen, le Conseil, les chefs d’États et ratifié par les États membres.

L’élargissement de l’Union vers les Balkans occidentaux

Les négociations d’adhésion avec le Monténégro sont ouvertes depuis 2012, celles avec la Serbie depuis 2014. En mars 2020, le Conseil de l’Union européenne a donné son accord pour ouvrir les négociations avec l’Albanie et la Macédoine. La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo n’ont pour le moment que le statut de candidat potentiel. En 2018, la Commission a publié sa stratégie pour les Balkans occidentaux – parmi lesquels figure la Serbie – avant que le sommet de Sofia de mai 2018 n’enfonce le clou, l’UE réaffirmant « son soutien à la transformation politique, économique et sociale de la région ». Mais dès le mois de décembre de la même année, l’Union rappelait que le chemin était encore long, soulignant les problèmes de corruption et de faiblesse de l’État de droit dans cette région.

En 2019, le Conseil de l’Union faisait le bilan des points à améliorer pour les États des Balkans occidentaux. Il était notamment question de mener des « réformes fondamentales […] dans les domaines de l’État de droit, des droits fondamentaux, du fonctionnement des institutions démocratiques […] ainsi que du développement économique. »

Le cas de la Serbie

Le 4 décembre 2020, le site Euractiv a publié une brève expliquant que les négociations n’allaient pas progresser, la Serbie n’ayant pas fait d’efforts pour améliorer la liberté d’expression et l’indépendance de la justice. Ces manquements avaient d’ailleurs été soulignés, parmi d’autres, dans un rapport de la Commission. Quelques exemples :

  • Les élections législatives de juin 2020 ont été marquées par une forte prise de position des médias en faveur du gouvernement qui a débouché sur un manque de pluralisme au Parlement.
  • Absence de progrès dans les réformes de l’administration publique.
  • Des améliorations insuffisantes dans la lutte contre la corruption, le respect des droits de l’Homme.

Le rapport expose précisément les manquements à la liberté d’expression, notamment vis-à-vis des médias. Au printemps 2020, une journaliste avait été « arrêtée puis détenue » pendant 48h. Motif : un article montrant la situation critique dans un hôpital serbe qui faisait face au Covid-19.

Les négociations d’adhésion de la Serbie à l’Union ont commencé il y a déjà six ans. Les derniers développements semblent pousser les Vingt-Sept à la prudence dans la suite des discussions, tant les critères d’adhésion sont encore loin d’être respectés. Mais ne nous y trompons pas, l’État de droit, les droits des minorités et l’indépendance judiciaire et médiatique ne sont pas non plus des acquis dans toute l’Union, loin s’en faut.

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.