Brexit : pagaille dans le monde du sport5 minutes de lecture

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a d’importantes conséquences pour de nombreux secteurs. Le monde du sport est lui aussi touché par les nouvelles mesures mises en place. C’est particulièrement le cas pour le monde du football et du rugby.

Le championnat de France de football est fortement affecté cette année par plusieurs événements successifs. Tout d’abord, le Covid-19, qui oblige les clubs à pratiquer des matchs à huis-clos et les privent de billetterie et de consommation sur place. Depuis quelques semaines, c’est un scandale lié aux droits TV qui a éclaté. Le départ de Mediapro a de lourdes conséquences pour les clubs français et notamment pour les plus petits qui avaient beaucoup misé sur cette augmentation de leurs revenus. Enfin, le Brexit est lui aussi un nouveau facteur de crise car les transferts de joueurs de la Ligue 1 vers la Premier League vont être affectés par les nouvelles règles en vigueur.

Les autorités anglaises ont décidé de renforcer les modalités de recrutement des joueurs. Les transferts vers la Premier League ou la Championship (D2) sont pourtant des rentes essentielles pour un grand nombre de clubs français. La moitié des trente plus grosses ventes de joueurs de Ligue 1 vers l’étranger l’ont été vers la Premier League. La Ligue 1 a aussi le record d’argent encaissé grâce aux transferts avec la Premier League avec près d’1,25 milliard d’euros sur ces dix dernières années.

Des critères sélectifs

Les clubs anglais ne pourront plus acheter de joueurs étrangers de moins de 18 ans. Plusieurs joueurs n’auraient donc pas pu rejoindre le championnat anglais avec une telle règle : Cesc Fàbregas (FC Barcelone vers Arsenal en 2003), Gaël Kakuta (Lens vers Chelsea en 2007), ou encore Paul Pogba (Le Havre vers Manchester United en 2009) par exemple, n’avaient que 16 ans lorsqu’ils sont arrivés au Royaume-Uni. Les clubs sont aussi limités à trois joueurs de moins de 21 ans par mercato et au maximum six par saisons.

En outre, Londres a aussi mis en place un système de points pour l’obtention du permis de travail pour les joueurs européens. Celui-ci devient indispensable pour rejoindre l’une des quatre premières divisions du pays. Parmi les critères en vigueur, on retrouve le nombre d’apparitions en sélection nationale (en catégorie jeune et A) mais aussi leur temps de jeu en club et le prestige du club vendeur (selon son championnat, son classement, ses résultats européens). Des dérogations sont cependant prévues avec une commission qui se réunit pour juger le cas de joueurs qui n’auraient pas assez de points. L’équipe de Leicester City, championne en 2015-2016 n’aurait pas pu compter sur des joueurs comme Riyad Mahrez, arrivé du Havre en 2014 ou N’Golo Kanté, arrivé de Caen en 2015, car ils n’auraient pas eu assez de points. Les deux joueurs n’avaient jamais disputé de coupe d’Europe et n’étaient pas encore internationaux.

La Fédération anglaise a décidé de préserver la qualité de son championnat grâce à son système de point mais en misant aussi sur les jeunes espoirs du pays.

Le ballon ovale lui aussi concerné

Le rugby, autre grand sport de l’autre côté de la Manche, subit aussi les conséquences de cette sortie de l’Union européenne. L’effectif de certaines équipes pourrait être affecté. Dans le championnat anglais (Premiership), on ne peut avoir que deux joueurs dits « étrangers » sur la feuille de match. L’arrêt Bosman en 1995 a déclaré que les sportifs issus de pays qui ont des accords d’association ou de coopération avec l’Union européenne ne peuvent pas être considérés comme étrangers et ne peuvent pas être limités par des quotas. D’autres accords sont venus le compléter. Ainsi, grâce aux accords de Cotonou signés en 2000 et entrés en vigueur en 2003, les joueurs sud-africains, fidjiens, samoans ou tonguiens sont désormais considérés comme des joueurs « européens ». Ces accords incluent 79 Etats d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP). En revanche, les joueurs australiens, argentins ou néo-zélandais ne rentrent pas dans ces critères et font donc partie des joueurs étrangers.

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne lui fait donc quitter ces accords et les joueurs sud-africains ou des îles du Pacifique passent donc logiquement dans la catégorie des joueurs étrangers si aucun nouvel accord n’est trouvé. La règle a été maintenue pour cette saison, mais la fédération ne s’est pas encore prononcée sur l’année prochaine. Les clubs anglais militent pour augmenter ce quota de joueurs étrangers. Les Worcester Warriors comptent par exemple aujourd’hui sept joueurs sud-africains, deux samoans, un joueur namibien et un zimbabwéen qui ne seraient plus protégés par les différents arrêts et donc s’ajouteraient aux deux joueurs néo-zélandais du club en tant que joueurs étrangers.

Pour jouer en Angleterre, un Français doit désormais demander un permis de travail. C’est la même chose dans l’autre sens. En Super League, le championnat anglo-français de rugby à XIII, on retrouve onze clubs anglais et un club français, les Dragons Catalans, à Perpignan. Il compte onze employés britanniques dont quatre membres de l’encadrement et sept joueurs. Ces derniers doivent donc désormais demander un contrat de travail et un permis de séjour pour pouvoir rester dans les règles.

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Avec Léo et Tony, Paul a fondé Causons d’Europe. Il se définit pourtant comme le membre le moins actif du triumvirat. Âgé de 23 ans, il est étudiant en journalisme, et profite des articles qu’il rédige pour partager ses passions comme le sport ou la géopolitique. Il apprécie également mettre à l’honneur des pays ou des régions parfois méconnus du grand public.