Ça s’est passé pendant la pause de Noël #5 : Le Royaume-Uni ne fait officiellement plus partie de l’Union5 minutes de lecture

C’est la fin d’un feuilleton de plus de quatre ans. Entre le référendum de juin 2016, par lequel les Britanniques ont souhaité quitter l’Union européenne et la fin des négociations à la veille de Noël en décembre 2020, beaucoup de choses se sont passées. Les relations entre le Royaume-Uni et les Vingt-Sept sont désormais organisées par un accord d’environ 1 300 pages, mais Causons d’Europe vous propose aujourd’hui un zoom sur trois dossiers qui ne sont pas abordés dans ces lignes.

L’indépendance de l’Ecosse à nouveau sur la table

C’est l’une des questions qui reste en suspend depuis le référendum de juin 2016 et qui se pose encore. Il y a quatre ans, la majorité du corps électoral écossais s’était prononcé pour rester membre de l’Union. Aujourd’hui, le seul moyen légal pour l’Écosse de rentrer dans l’Union serait de sortir du Royaume-Uni afin d’être indépendante. Jeudi 31 décembre 2020, des rassemblements de militants indépendantistes se sont déroulés. Un phénomène loin d’être isolé et même appuyé par les parlementaires du Scottish National Party (SNP) – un parti à tendance nationaliste – qui siègent à Londres. Ils jugent l’accord de sortie « désastreux » pour l’Écosse.

La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon reproche aux négociateurs britanniques deux éléments : les dispositions concernant la pêche ne favorisent pas la pêche écossaise, qui se déroulait en partie dans les eaux territoriales des États membres de l’Union et pour l’agriculture, qui n’est pas abordée dans l’accord. Sur Twitter, elle s’est d’ailleurs prononcée pour l’organisation d’un référendum pour l’indépendance de l’Écosse. En 2014, ce fut un non du peuple écossais. Mais un sondage récent montre que la tendance se serait inversée. Nicola Sturgeon pourrait utiliser sa bonne gestion de l’épidémie de Covid-19 à cette fin, surtout en vue des élections locales de mai 2021 qui pourraient renforcer sa majorité au parlement écossais. Cependant, il n’est pas question d’organiser un référendum sans l’accord de Boris Johnson, Premier ministre britannique. Et, aujourd’hui, c’est clairement un non.

La perspective d’une Écosse indépendante semble aujourd’hui bien lointaine. Et quand bien même elle aboutirait sur un « oui », l’Écosse ne pourrait pas revenir si facilement dans l’Union. Elle serait soumise, comme les autres États qui y prétendent, à un long processus d’adhésion, étalé sur plusieurs années.

 

Programme d’échange Erasmus, grand oublié de l’accord

Cela fait des années que l’Union vit avec Erasmus. Créé en 1987, le programme a permis à dix millions d’européennes et européens de passer plusieurs mois loin du nid familial. Depuis 2014, le programme Erasmus +, s’est nettement ouvert et diversifié à tous les publics : études supérieures, formations, apprentissages, jeunes diplômés, collégiens, lycéens et même sport. 

Outre-Manche, Erasmus touche presque à sa fin. Les financements qui étaient prévus pour la période 2014-2020 existent toujours et doivent être dépensés, sans oublier les programmes de recherche en cours qui seront achevés. Par ailleurs, selon la Commission, « les étudiants et autres participants britanniques peuvent continuer à entreprendre des activités de mobilité dans d’autres pays participant au programme Erasmus + ».  

Au regard de la défiance des universités britanniques vis-à-vis de leur gouvernement, la fin de ces échanges signifie un certain manque à gagner. Dans la prestigieuse université d’Oxford, 16 % des étudiantes et étudiants viennent des pays membres de l’Union.  Du côté des chercheuses et chercheurs de l’université, le Conseil Européen de la Recherche a octroyé près de 87 millions d’euros d’aides sur l’année 2017 – 2018.

D’un point de vue français, le Royaume-Uni est la deuxième destination d’échange avec près de 10 000 volontaires chaque année. En se retirant du programme, les britanniques prennent le risque de perdre ces étudiants, notamment les plus modestes qui ne pourront s’acquitter des 10 000€ de frais d’inscription pour une année, là où le programme leur permettait de payer les frais de leur université d’origine. Des frais qui s’ajoutent à des dépenses déjà présentes comme le logement, le tourisme et la consommation de ces étudiantes et étudiants en échange, tous au bénéfice du pays d’accueil.

Bien loin de renoncer à toute forme d’échange, le Premier ministre, Boris Johnson, a profité de l’annonce du Brexit pour mentionner la création d’un programme concurrent, Alan Turing. Le pays compte investir 100 millions de livres sterling chaque année afin de créer ce nouveau système à destination des étudiantes et étudiants britanniques, censé débuter à la rentrée 2021.

Le rapprochement entre les deux Irlande

La fin du programme Erasmus pourrait être le début d’un rapprochement irlandais. La République d’Irlande propose aux étudiants nord-irlandais de participer aux activités d’échange. Les quelques centaines de concernés devront simplement s’inscrire dans une université de la République d’Irlande pour bénéficier du programme. Un point important pour les deux Irlande, dont le retour d’une frontière hermétique entre les deux États faisait craindre un retour des pires heures de l’histoire. L’accord sur le Brexit exclu finalement la réapparition d’une frontière dure entre les deux entités. Un soulagement pour une partie de la population mais qui ne calme par pour autant les partisans de la couronne britannique, qui refusent toujours de voir un rapprochement s’opérer entre les deux Irlande.

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.

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Diplômée d’une licence d’Anglais et d’un master de Journalisme axé sur l’audiovisuel et le documentaire, Clémence retourne à ses premiers amours via Causons d’Europe : les lettres et les langues ! Si ses articles touchent à tous les domaines, elle reste persuadée que la vulgarisation des luttes féministes et queer permettra de sortir des débats stériles.
Au-delà de ça, elle traverse une crise existentielle, car elle ne peut plus aisément prendre le thé avec les britanniques depuis leur départ de l’UE, mais elle tient le coup … Et elle est toujours à la recherche de piges.