Qu’attendre de la nouvelle stratégie européenne de lutte contre le changement climatique ?4 minutes de lecture
Les institutions européennes ajoutent une nouvelle pierre à leur édifice de politiques publiques visant à respecter le Pacte vert pour l’Europe présenté cet été. Dernier épisode en date, une communication au sujet de la « nouvelle stratégie de l’UE relative à l’adaptation au changement climatique ».
Nouvelle stratégie, même cap
Le Pacte vert pour l’Europe ambitionne de rendre l’Union climatiquement neutre à l’horizon 2050, via une législation, une restructuration en profondeur de l’économie et au moins 100 milliards d’euros pour la période 2021-2027. La stratégie publiée le 24 février « définit la voie à suivre pour se préparer aux conséquences inévitables du changement climatique ». Le tout, suivi d’une énumération presque touchante de tous les phénomènes climatiques qui pourraient devenir fréquents, types canicules, incendies, élévation du niveau de la mer.
L’argument économique est évident. Le communiqué précise que l’Union perd 12 milliards d’euros annuels à la suite de phénomènes climatiques extrêmes. Cela pourrait passer à 170 milliards si le thermomètre s’affole au-delà des 3°C par rapport aux niveaux pré-industriels. Voici les points-clé de la stratégie :
- Bien comprendre le problème climatique pour identifier au mieux les solutions à y apporter.
- Accélération des mesures d’adaptation au changement du climat.
- Adapter les solutions à toutes les échelles, en particulier locales.
- Être la voix du changement climatique sur la scène internationale.
Poussé à l’extrême, c’est plus de connaissances pour une adaptation plus rapide partout en Europe et si possible embarquer le monde entier dans le même temps.
Retard à l’allumage
Pas facile de tout chambouler après des dizaines d’années d’ultra-libéralisme qui ont laissé le respect de l’environnement de côté. En 1972 déjà, le rapport du Club de Rome pointait les risques d’un mode de vie irraisonné qui finirait par causer quelques problèmes.
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Depuis 2015 et la signature des Accords de Paris, c’est le branle-bas de combat donc. Enfin, presque. Un coup d’œil dans le rapport annuel de la Commission sur l’application du droit européen et on se rend compte qu’elle a envoyé presque tous les Vingt-Sept devant la Cour de Justice de l’UE : performances énergétiques des bâtiments ; législation sur l’électricité et le gaz, multiples retards dans les transpositions du droit national des directives européennes relatives à l’environnement.
La journaliste Agnès Sinaï, journaliste spécialiste de ces questions, relève qu’en 2019, ce sont près de 800 infractions au droit de l’Union qui ont été relevées, en particulier liées à l’environnement.
En France, la Convention Citoyenne pour le Climat enterrée
Présentée comme expérience de démocratie directe inédite, les 146 propositions – Emmanuel Macron avait posé son veto sur 3 d’entre elles – de citoyennes et citoyens français n’ont pas fait long feu entre les mains des parlementaires. L’observatoire des multinationales y voit un important sabotage de la part des lobbies d’entreprises dont les intérêts seraient contraints si ces propositions entraient dans le droit.
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Des journalistes du quotidien national Le Monde ont également produit un travail fouillé sur le devenir des propositions citoyennes à l’issue des travaux parlementaires. Les résultats sont sans appel : 18 propositions sont reprises intégralement, 78 le sont partiellement, 23 sont écartées, 15 seront traitées au niveau international. Pour finir, l’Etat français a même été condamné en justice pour inaction face au changement climatique (voir l’article de Victor Simothé).
Alors qu’attendre de cette nouvelle stratégie ? Pour le moment, pas grand-chose. Elle pose un cadre avec de nouveaux objectifs à tenir alors que d’autres buts plus anciens ne sont toujours pas atteints. Il faudra du courage politique, de la résistance face aux intérêts économiques du moment pour respecter les engagements pris il y a déjà 6 ans lors de la COP 21. La Commission peut proposer, la CJUE peut condamner, mais seuls les Etats peuvent agir.
Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.