Les Pays-Bas et l’Italie secoués par des crises politiques4 minutes de lecture
Les périodes de crises ne sont jamais de tout repos pour les gouvernements aux affaires. En France, Emmanuel Macron avait demandé très tôt l’union et l’unité nationale pour mieux gérer la crise sanitaire. Mais la vie politique ne s’arrête pas pour autant. C’est le cas aux Pays-Bas et en Italie, dont les majorités au pouvoir sont fragilisées.
En Italie, le gouvernement Giuseppe Conte fragilisé
Guiseppe Conte, Premier ministre italien membre du Parti Démocrate (PD), doit gérer une crise politique en plus de la crise sanitaire qui a fait plus de 80 000 morts dans la péninsule italienne. Teresa Bellanova, ministre de l’agriculture et Elena Bonetta, ministre de la famille, toutes deux membres du parti Italia Viva (IV), un parti qui a fait sécession du PD, ont démissionné. En conséquence, Conte pourrait perdre sa majorité au Sénat. Elle atteignait 155 sénatrices et sénateurs avant la crise, et le potentiel retrait des 18 élues et élus d’Italia Viva ferait perdre la majorité au Premier ministre. Un engrenage qui pourrait rapidement déboucher sur des élections anticipées, en attente de la déclaration de Conte devant le Sénat, le 19 janvier prochain. Après avoir obtenu la confiance du Sénat mardi 19 janvier, il a finalement remis sa démission le lundi 25 janvier.
En cause, notamment, la répartition des fonds du plan de relance de l’économie par Guiseppe Conte. L’Italie s’est vue remettre une somme importante de l’Union dans le cadre du plan de relance Next Generation UE, âprement négocié cet été. Matteo Renzi, ancien Premier ministre et créateur d’IV, estime que les fonds du plan de relance (plus de 220 milliards d’euros) devraient être répartis autrement.
Toujours est-il que cette crise politique inquiète bon nombre d’Italiennes et d’Italiens, qui ne voient pas d’un bon œil cette décision de Matteo Renzi. Mario Monti, également ancien Premier ministre, s’inquiète de l’image que renvoie l’Italie en Europe : « Lorsque l’UE, en période de pandémie exceptionnelle, donne d’énormes ressources aux États, et plus que tout à l’Italie, notre pays semble ébloui par une richesse soudaine et s’attarde dans des crises politiques ». Un sondage Ipsos, repris dans Les Echos, estime que « près d’un Italien sur deux ne comprend pas les raisons de la crise politique et 73 % estiment que Matteo Renzi ne poursuit que son intérêt personnel bien que son parti ne soit crédité que de 3 % d’intentions de vote ». Ainsi, Matteo Renzi chercherait surtout à grapiller des postes à responsabilités dans l’application du plan de relance et obtenir plus de pouvoir au sein du gouvernement Conte, à majorité démocrate.
Scandale administratif aux Pays-Bas : démission du gouvernement de Mark Rutte
C’est une affaire d’une toute autre nature qui ébranle la sphère politique néerlandaise. Elle n’en demeure pas moins notable, puisqu’elle a conduit à la démission en bloc du gouvernement du Premier ministre Mark Rutte (en poste depuis 2010, membre du VVD, un parti libéral-conservateur), vendredi 15 janvier dernier. Il s’agit ici d’un scandale administratif qui a touché des familles éligibles aux allocations familiales, et des binationaux. Entre 2013 et 2019, l’administration fiscale néerlandaise a contraint 26 000 familles à rembourser des allocations familiales qu’elles auraient touchées par erreur. Les sommes que devaient rembourser ces familles étaient colossales et les ont plongées dans de lourds problèmes financiers. On parlait parfois de plusieurs dizaines de milliers d’euros, pour des personnes dans le besoin. Mais c’est bel et bien l’administration qui a commis une erreur, portant ainsi préjudice à des ménages qui n’avaient absolument rien à se reprocher. Dans la foulée, une affaire de profilage ethnique des binationaux par des fonctionnaires du service des impôts a éclaté. Deux affaires qui ont eu raison du gouvernement Rutte.
L’Humanité titrait à ce sujet qu’« Aux Pays-Bas, le premier ministre Mark Rutte paie sa guerre aux pauvres ». Un titre qui n’est pas sans rappeler sa gestion financière très rigoureuse, en particulier sur les dépenses. En Europe, il était fréquemment désigné dans la presse comme l’un des chefs de file des pays frugaux, très proches de leur porte-monnaie au moment des négociations sur le plan de relance. Mais, en 2015, il avait déjà été confronté à d’importants mouvements de grève après qu’il ait gelé les salaires de fonctionnaires, en particulier des forces de l’ordre, qui avaient obtenu une augmentation de salaire après d’importantes mobilisations. Notons au passage que les Pays-Bas sont peu enclins à se mobiliser. Selon l’Institut syndical européen, seuls 9 jours de travail ont été perdus pour 1 000 salariés entre 2009 et 2013. En 2015, 27 mouvements de grève ont été recensés, pour une perte de 48 000 jours de travail (cela correspond, par exemple, à 48 000 personnes mobilisées une journée entière).
Et maintenant ? Les élections législatives arrivent le 18 mars aux Pays-Bas et rien n’empêche Mark Rutte de briguer un nouveau mandat, d’autant que sa gestion de la crise sanitaire a convaincu.
Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.