L’Agence spatiale européenne lance la dépollution spatiale4 minutes de lecture
L’Agence spatiale européenne (ESA) a signé mardi 1er décembre 2020 un contrat de 86 millions d’euros avec l’entreprise suisse ClearSpace SA pour effectuer le premier enlèvement d’un débris spatial en orbite.
Depuis 1957 et le lancement du satellite soviétique Spoutnik, plus de 5 500 lancements ont été effectués et plus de 10 000 satellites ont été mis en orbite. Pourtant, une partie d’entre-eux ne sont plus actifs. Plus de 40 000 objets de plus de 10 cm gravitent autour de notre planète. Des corps de fusées ou d’autres morceaux sont aussi sur des orbites. Celles-ci ne peuvent donc pas être utilisées par d’autres objets. Ces débris spatiaux représentent un danger pour tous les satellites opérationnels. Les petits objets peuvent circuler entre 7 et 10 km/seconde, soit un Paris-Marseille en 3 minutes. À cette vitesse, ils peuvent occasionner d’importants dégâts. Ces collisions sont elles-mêmes à l’origine de nouveaux débris. En 2009, le satellite de télécommunication Iridium 33 et le satellite russe Kosmos-2251, éteint depuis de longues années, se sont percutés. Ce sont depuis, près de 1 500 débris supplémentaires qui voguent dans l’espace.
On peux y ajouter les différents projets qui continuent d’émerger pour envoyer toujours plus de satellites autour de la Terre. Les projets Iridium, OneWeb ou Starlink en sont des exemples parfaits. Pour ce dernier, l’entreprise Space X, dirigée par Elon Musk, souhaite envoyer près de 42 000 satellites pour offrir un service internet à haut-débit pour toute la planète. On compte aujourd’hui près d’une centaine de lancements par an.
L’Agence spatiale européenne, précurseur du nettoyage spatial
Voilà maintenant quelques années que la question du nettoyage spatial est posée. C’est l’Europe qui a décidé de se lancer en première. Mardi 1er décembre 2020, l’Agence spatiale européenne (ESA) a signé un accord avec la start-up suisse ClearSpace SA pour effectuer cette mission dans le cadre du programme ADRIOS (Active Debris Removal/ In-Orbit Servicing). Ce sont près de 86 millions d’euros qui ont été investis par l’ESA auprès de cette entreprise, dérivée de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Une vingtaine de sociétés, issues de huit pays membres de l’ESA seront à ses côtés, venant de Suisse, République tchèque, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, Suède, Portugal et Roumanie. Le coût total de l’opération est de 100 millions d’euros, la différence avec les 86 millions d’euros doit être prise en charge par des investisseurs privés.
Le lancement du futur satellite est prévu depuis le site de Kourou, en Guyane, pour 2025. C’est la première fois que l’ESA réalise une commande auprès d’une entreprise privée. Les américains sont plus habitués du fait depuis quelques années, notamment avec les travaux confiés à l’entreprise Space X.
Un projet déjà bien défini
La cible a déjà été sélectionnée. C’est Vespa (Vega Secondary Payload Adapter), un élément d’une fusée européenne Vega lancée au cours d’une mission en 2013 qui sera détruit au cours de la mission. L’objet a une masse de 112 kg et se trouve en orbite basse, entre 600 et 800 km de la Terre. La mission ClearSpace-1 consiste à envoyer un satellite nettoyeur de près de 500 kg dans l’espace. Il aura pour mission de repérer la trajectoire de l’objet, puis de se rapprocher, avant de s’en saisir grâce à ses quatre « bras ». La tâche est périlleuse car il ne faut pas créer de nouveaux débris. Une fois réunis, le satellite doit faire quitter son orbite à Vespa pour se diriger vers l’atmosphère. Les deux éléments se consumeront ensemble dans celle-ci.
Pour le moment, le satellite ne peut retirer qu’un seul objet car il se désintègre avec lui. Dans le futur, l’objectif sera de capturer plusieurs débris. Le lanceur déposera l’élément capturé en orbite basse pour que celui-ci rentre lui-même dans l’atmosphère afin de se désintégrer. Il remontera ensuite chercher d’autres éléments.
Avec Léo et Tony, Paul a fondé Causons d’Europe. Il se définit pourtant comme le membre le moins actif du triumvirat. Âgé de 23 ans, il est étudiant en journalisme, et profite des articles qu’il rédige pour partager ses passions comme le sport ou la géopolitique. Il apprécie également mettre à l’honneur des pays ou des régions parfois méconnus du grand public.