Une grève de la faim pour mettre fin à un tabou ?3 minutes de lecture
Député européen, depuis 2019, ainsi que rapporteur général pour le budget européen 2021, Pierre Larrouturou s’est lancé, le 28 octobre dernier, dans une grève de la faim visant à alerter l’opinion publique sur l’importance du projet de taxation des transactions sur les marchés financiers.
Un projet ancien non concrétisé
L’idée de cette taxe sur les transactions financières (TTF) part du principe que les transactions financières, occasionnant des flux de grandes quantités d’argent ne sont, pour l’heure, que très peu taxées. Ainsi, s’il existe une taxe sur les transactions financières en France concernant les achats d’actions d’entreprises dont la valeur en bourse dépasse le milliard d’euros, celle-ci ne s’élève qu’à 0,3% (soit un niveau dix-huit fois inférieur à celui de la TVA sur les produits alimentaires, qui, rappelons le, s’élève à 5,5%) de la valeur de ladite action actuellement (ce type de taxe est par ailleurs loin de concerner tous les pays européens à l’heure actuelle).
Or, s’il est vrai que l’économie réelle (ie la production de biens et de services) est sujette à des difficultés cette année, il n’en va pas de même pour les marchés financiers qui bien que légèrement impactés par la crise actuelle atteignent, pour certains, des niveaux de très loin supérieurs à ceux précédant la crise des subprimes. En témoigne l’indice boursier Allemand (DAX) qui affiche un niveau supérieur de plus de 5000 points à ceux de fin 2007 (plus de 13000 points au 11 novembre 2020 contre 7859 à l’ouverture au 3 décembre 2007). Il est, à la lumière de ces éléments, difficile d’argumenter sur le fait que l’argent manque actuellement.
Des discussions sont ouvertes autour de ce projet depuis désormais plusieurs années mais certains pays (notamment la France) bloquent sa concrétisation. Cette taxe, qui s’élèverait à 0,1% pourrait rapporter environ 60 milliards d’euros par an à l’échelle de l’Union Européenne (selon Pierre Larrouturou dans une interview accordée à la chaîne Youtube « Tout va bien »).
Pourquoi une telle taxe?
Or, cette taxation permettrait entre autres d’allouer un budget beaucoup plus conséquent à la transition écologique, avec notamment des efforts à faire concernant le rendement énergétique, par exemple quant à l’isolation des logements ou de changements profonds du modèle agricole actuel. Les fonds potentiellement obtenus grâce à cette taxe pourraient par ailleurs être employés dans des domaines tels que la santé ou l’emploi. Dans une période où le budget européen des sept prochaines années est en cours de négociation (un accord a été trouvé mais les États membres de l’Union Européenne doivent encore le valider), on peut aisément comprendre l’importance de ce projet de taxe.
Une action en cours depuis le 28 octobre
C’est donc face à l’urgence climatique et sanitaire, mais aussi pour dénoncer le double discours des personnalités politiques, Emmanuel Macron en tête (qui en février 2020 désignait la lutte écologique comme le « combat du siècle »), que monsieur Larrouturou s’est lancé dans cette grève de la faim. L’intéressé s’insurge effectivement de voir le président de la République choisir les traders plutôt que la planète et souhaite que l’affaire devienne un débat public. Il estimait ainsi, le 3 novembre qu’il restait entre quinze jours et trois semaines pour trouver un accord sur le sujet. Le site TaxonsLaSpeculation.eu permet pour sa part de soutenir Pierre Larrouturou dans sa démarche.