Causons de Pologne4 minutes de lecture

À l’occasion des fêtes nationales, Causons d’Europe vous propose un éclairage sur un État européen afin mieux le cerner et de découvrir ses dernières actualités. On fait le point tout de suite avec la fête nationale de la Pologne, célébrée le 11 novembre en souvenir de son indépendance retrouvée à la fin de la Première Guerre mondiale.

Quelques précisions politiques 

La République de Pologne est un État d’Europe de l’Est, peuplé de 38 millions d’habitants, majoritairement catholiques.

Le pays est dirigé par le président Andrzej Duda et son Premier ministre, Mateusz Morawiecki. Le parti conservateur Droit et Justice (PiS) est majoritaire à l’Assemblée, la Diète, mais pas au Sénat. Si le gouvernement a entériné des réformes abaissant l’âge du départ à la retraite et l’augmentation du salaire minimum, ce sont surtout les réformes judiciaires qui trouvent de l’écho en dehors du territoire polonais. Ces dernières tendent à amoindrir son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. A ce titre, l’UE a enclenché l’article 7 du Traité sur l’Union Européenne (TUE), utilisé en cas de violation grave de l’État de droit. Le pays est étroitement surveillé à ce sujet par le Conseil de l’Europe, une instance qui veille au respect des droits dans les États membres de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

Un peu d’histoire récente

A la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à l’été 1945, la carte de la Pologne est bouleversée. Ses frontières sont décalées de 200 kilomètres vers l’Ouest. Dans le contexte de la Guerre froide, l’Europe de l’Ouest est sous influence américaine, tandis que l’Europe de l’Est passe sous la domination de l’URSS. Cette dernière exerce une mainmise totale dans les différents États est-européens, qui prennent le nom de démocraties populaires. Les premières oppositions au contrôle de Moscou se manifestent par des révoltes ouvrières à Poznan en 1956, mais elles seront réprimées. Mais, en 1980, des grèves de plus grande ampleur se développent, sous l’impulsion du syndicat Solidarnosc, littéralement Solidarité, au sein duquel Lech Walesa détient un rôle majeur. D’abord interdit, le syndicat reçoit le soutien de l’Eglise, dans un contexte de marasme économique et social. Ce soutien redistribue toutes les cartes, le pouvoir en place accepte de négocier avec le syndicat, notamment l’organisation d’élections libres. Moscou reste attentiste et lors du scrutin de juin 1989, Solidarnosc remporte 99% des sièges du Sénat et l’intégralité des sièges de l’opposition à l’Assemblée. La Pologne se transforme économiquement avec Lech Walesa à la présidence.

La Pologne intègre l’Union européenne lors de l’élargissement de 2004. Aujourd’hui, elle envoie 52 députés au Parlement tous les cinq  ans, Donald Tusk était l’ancien président du Conseil européen et Janusz Wojciechowski est l’actuel commissaire à l’agriculture. Elle accueille l’antenne du Collège d’Europe – une école d’élite formant les futurs dirigeants de l’UE – et FRONTEX, l’agence européenne de garde-côtes. En 2015, au moment du pic d’arrivée de réfugiés en Europe, elle a refusé de mettre en œuvre les programmes de réinstallation et de relocalisation. La Pologne est également membre du groupe de Višegrad, une entente non-officielle au sein de l’Union avec la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie qui permet à ces Etats de regrouper leurs décisions communes.

Et dans l’actualité ? 

Dernièrement, la Pologne a fait parler d’elle dans deux dossiers majeurs. Le premier, dans le cadre du plan de relance sur lequel les Vingt-Sept s’étaient accordés pour remettre la machine économique en marche. Certains dirigeants, en particulier Emmanuel Macron, tenaient à conditionner cette aide exceptionnelle au respect de l’État de droit et des droits de l’homme dans les États membres. Une condition qui avait provoqué une levée de bouclier en particulier en Pologne et en Hongrie, qui souhaitent mettre leur veto si jamais cette proposition est examinée. Et en l’occurrence, le plan de relance ne pourra pas être adopté sans l’approbation de tous les Etats membres.

Suite à cela, le Parlement européen a tenté de contre-attaquer. Le 5 novembre, un accord provisoire a été conclu à ce sujet. Il s’agirait de créer un nouveau mécanisme permettant à l’UE de pouvoir sanctionner davantage les Etats membres qui ne respectent pas l’Etat de droit. Ainsi, les financements octroyés dans le cadre de ce plan de relance pourraient être suspendus sur proposition de la Commission européenne puis avec approbation du Conseil. Le Parlement débattra d’ailleurs jeudi 12 novembre des questions d’État de droit, de droits fondamentaux et de démocratie à la lumière du Covid.

Ces dernières semaines, les rues polonaises ont également été le théâtre de nombreuses manifestations. En cause, les nouvelles mesures prises par le gouvernement en terme d’interruption volontaire de grossesse, l’IVG.

 

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.