La Commission s’inquiète de la dégradation de la situation politique à Hong-Kong4 minutes de lecture

La Commission européenne a publié le 12 mars son rapport annuel portant sur Hong-Kong. Il dresse un tableau politique et sociétal de l’archipel avec, contexte exceptionnel oblige, une large partie consacrée à l’impact de la pandémie. Mais concentrons-nous sur les aspects politiques et sociétaux de la ville.

2020 : à l’Est, rien de nouveau

D’abord, un petit rappel. Le statut de Hong-Kong est particulier. Il s’agit d’une région administrative spéciale qui bénéficie depuis 1997 et théoriquement jusqu’en 2047 du principe « un pays deux systèmes ». En d’autres termes, depuis la rétrocession britannique de l’archipel, Hong-Kong n’est pas soumise au pouvoir dictatorial de Pékin. Elle possède notamment son propre système politique, sa monnaie, ses lois. L’Union est par ailleurs le deuxième partenaire commercial de Hong-Kong, derrière la Chine.

En 2019, les universités Hong-Kongaises s’étaient déjà levées face au pouvoir exécutif local – dont la cheffe, Carrie Lam, est proche de Pékin- occasionnant d’importantes contestations. La ville ne s’est pas reposée en 2020, avec une nouvelle tentative des autorités de Pékin de piétiner avec vingt-sept ans d’avance l’exception hong-kongaise. Fin juin, elles ont imposé la loi de sécurité nationale (LSN). Un texte qui prévoit de lutter contre tout acte de quelque nature qui critique le régime communiste central. Nouveau texte, nouvelles contestations, résultats similaires : de nombreux militants pro-démocratie et journalistes ont été arrêtés.

La diplomatie européenne à l’œuvre : prudence avant tout face au géant chinois

Face à ces entorses répétées, comment a réagi l’Union ? Comme de coutume, lorsqu’il s’agit de politique étrangère, beaucoup de déclarations. Au sujet de la LSN, neuf en tout : quatre émanant du Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, Josep Borrell ; quatre provenant de divers porte-parole et une en commun dans le cadre du G7. Notons tout de même un ensemble de mesures prises par les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, réunis en Conseil. Par exemple :

  • Contrôle sur les exportations à Hong-Kong. Pas question que les marchandises exportées ne soient utilisées contre les civils.
  • Intensification des contacts avec la société civile et renouvellement de la participation des jeunes de Hong-Kong au programme Erasmus +.
  • Evoquer systématiquement la situation lors des réunions avec les autorités de Pékin. Qui, au passage, n’a pas bougé d’une oreille.

Pour autant, il est difficile de blâmer l’Union dans ce cas précis. La politique étrangère des Vingt-Sept n’est pas réputée pour sa coercition. Et parler droits de l’homme avec Pékin, c’est se confronter au désormais très classique « nos affaires intérieures ne vous regardent pas ». L’enjeu commercial est par ailleurs énorme, difficile de se mettre la Chine à dos. Partant de là, il n’est pas étonnant que la situation à Hong-Kong ne se soit jamais vraiment améliorée. 2047, c’est déjà demain à Hong-Kong.

Peu de surprises à attendre en 2021

La passe de trois semble bien partie pour se réaliser. La Chine a ouvert les hostilités la veille de la publication du présent rapport. L’Assemblée nationale populaire de Chine – l’un des nombreux organes du pouvoir chinois – a approuvé le 11 mars dernier une réforme électorale à destination de Hong-Kong. Cette réforme accentuerait le contrôle de Pékin sur le Conseil législatif de l’archipel, via le Comité électoral. Totalement inféodé à Pékin, ce Comité désigne la moitié des députés qui siègent au Conseil législatif.

Les autorités chinoises ont d’ores-et-déjà annoncé la couleur : elles ne feront aucune concession. Le tableau fait déjà craindre de nouvelles contestations dans l’archipel bientôt amputé du peu de démocratie qu’il lui reste.

Alors comment s’y prendre ? Qui dit nouvelle offensive chinoise dit nouvelle déclaration de Josep Borrell, forcément. Restera-t-elle lettre morte ? Tout porte à croire que oui. Rendez-vous la semaine prochaine, au cours de laquelle les Ministres des affaires étrangères, puis les chefs d’Etat, se réuniront pour définir une stratégie.

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.