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A l’occasion des fêtes nationales, Causons d’Europe vous propose un éclairage sur un Etat européen afin de mieux le cerner et de découvrir ses dernières actualités. On fait le point tout de suite avec la fête nationale du Kosovo, qui célèbre le 17 février l’adoption de sa résolution déclarant son indépendance.

Quelques précisions politiques

Le Kosovo est enclavé entre la Serbie, la Macédoine du Nord, l’Albanie et le Monténégro. Il compte 1.8 million d’habitants, très majoritairement musulmans. La situation du Kosovo est un peu particulière, étant donné qu’il n’est pas reconnu comme Etat par un certain nombre de pays, dont la Serbie.

La vie politique s’organise dans un régime parlementaire dans lequel le Premier Ministre Avdullah Hoti a d’importantes prérogatives. Ce dernier a pris la tête du gouvernement en mars 2020, à la suite de la censure de son prédécesseur Albin Kurti (l’Assemblée n’a pas accordé la confiance au gouvernement). L’actuel président par intérim est Vjosa Osmani, suite à la démission d’Hashim Thaçi en novembre 2020. Thaçi est depuis interrogé par la justice internationale, accusé de crimes de guerres.

Un peu d’histoire récente

La situation particulière du Kosovo résulte de plusieurs décennies de conflits. A la suite des guerres de Yougoslavie entre 1991 et 1995, la fédération est démembrée en plusieurs Etats. Seuls la Serbie et le Monténégro restent fédérés. Cependant, le Kosovo, région serbe à majorité albanaise, exprime ses désirs d’indépendance. C’est ainsi qu’en 1999, l’armée de libération du Kosovo, l’UCK, soutenue par les troupes de l’OTAN, combat l’armée serbe pour obtenir son indépendance. C’est lors de ces combats qu’Hashim Thaçi commence à se faire une place parmi les troupes et à gagner peu à peu le terrain politique.

Les combats cessent en 2000 avec le retrait des troupes serbes de la région, désormais administrée par l’ONU. Depuis, le pays s’est stabilisé et a proclamé son indépendance le 17 février 2008. Indépendance qui n’est pas reconnue par tous les Etats, en particulier par la Serbie, même si la Cour internationale de justice (CIJ) a estimé que le processus ne violait pas le droit international. Le Kosovo entretient depuis quelques années des relations avec l’Union européenne, qui intervient d’ailleurs dans le processus de dialogue visant à normaliser les relations avec l’Etat serbe voisin. Cependant il ne s’agit que d’un candidat potentiel car ne répondant pas encore aux critères d’adhésion à l’Union.

Et dans l’actualité ?

L’actualité kosovare peut se résumer en trois points.

  • Le procès en cours d’Hashim Thaçi par la justice internationale : voir notre article publié en novembre 2020. Un procès d’ailleurs complexe en raison du manque de confiance de l’ancien président et de la protection des témoins, parfois retrouvés morts avant d’intervenir dans les audiences.

Lire aussi : Hashim Thaçi, de la présidence kosovare au Tribunal spécial de La Haye

  • Les élections législatives se sont déroulées le 14 février 2021. La gauche d’Albin Kurti, qui avait été évincé du pouvoir en mars 2020, l’a largement emporté avec près de 50% des voix après avoir fait campagne notamment sur la lutte anti-corruption, au détriment du dossier serbe qu’il a pratiquement ignoré.
  • Le dossier serbe justement. Après des années d’interruption, le dialogue entre Pristina et Belgrade avait repris en 2018. En 2020, plusieurs réunions s’étaient tenues pour traiter les lourds dossiers en plus de l’indépendance, par exemple, la guerre de 1999-2000. L’Union a un représentant spécial pour cette question,  mais son travail est entravé par son manque de légitimité au Kosovo comme en Serbie, ou encore le changement fréquent d’interlocuteurs. Le nouveau président américain Joe Biden pousse quant à lui pour une reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par la Serbie.
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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.