Natalina Cea nommée cheffe de la mission EUBAM Libye3 minutes de lecture
Après Hervé Flahaut, qui a été nommé à la tête de la mission civile EUCAP Mali il y a quelques jours, c’est au tour de la mission EUBAM Libye d’accueillir une nouvelle cheffe, Natalina Cea, pour poursuivre ses actions en Libye, pays fortement déstabilisé aujourd’hui et en proie à toutes sortes de violences. Natalina Cea a été nommée par le Conseil de l’Union européenne et entrera en fonctions le 1er février 2021.
Libye : état des lieux d’un pays à reconstruire
L’histoire récente de la Libye est chaotique. Entre 1969 et 2011, elle était placée sous le régime dictatorial de Mouammar Kadhafi, qui dirigeait le pays d’une main de fer. Ce n’est qu’en 2011 que le régime vacille et finit par tomber. En janvier 2011 commence les Printemps arabes, une vague de contestation populaire partie de Tunisie et qui va s’étendre dans tout le Maghreb et les pays du Proche et Moyen Orient. En Libye, les événements prennent une tournure de guerre civile, entre, d’un côté, les insurgés et de l’autre, les fidèles du régime de Kadhafi. Le conflit prend une dimension internationale dès le mois de mars 2011, quand une coalition militaire menée par la France et le Royaume-Uni intervient sur place. Mouammar Kadhafi est finalement retrouvé et tué par les rebelles fin 2011.
Mais le pays ne s’est pas pour autant stabilisé. Le pays est actuellement divisé en trois entités. L’Ouest est contrôlé par le Gouvernement d’Union Nationale de Fayez Al-Sarraj, reconnu par l’ONU et bénéficiant du soutien de la Turquie. A l’Est et dans la plupart des régions riches en pétrole, c’est le maréchal Khalifa Haftar, soutenu notamment par l’Egypte voisine et la Russie, qui assoit son autorité. Il existe également quelques poches sous influence de tribus berbères et touaregs du Sahara.
Le pays est aujourd’hui dans un état laborieux : désunion politique, combats entre milices armées, influence des islamistes radicaux, trafic de réfugiés et de migrants, exactions contre les civils et lutte entre puissances étrangères qui comptent bien s’accaparer les faveurs d’Al-Sarraj ou d’Haftar pour servir leurs intérêts.
EUBAM Libye : mandat et missions
La mission d’assistance à la frontière de l’UE en Libye (EUBAM Libye) a été lancée en mai 2013. Elle a été mandatée pour aider les autorités libyennes (le GNA d’Al-Sarraj) dans sa gestion des frontières aériennes, maritimes et terrestres ; ainsi que pour lutter contre le terrorisme, le trafic de migrants, voire la traite d’êtres humains. Cependant, confrontée au manque de sécurité qui règne en Libye, les quartiers généraux d’EUBAM ont parfois déménagé en Tunisie mais sont de retour à Tripoli, la capitale libyenne, depuis 2019. Concrètement, les agents de la mission EUBAM ont par exemple conseillé et formé la police libyenne aux techniques de renseignement pour lutter contre la criminalité organisée.
EUBAM Libye complète une autre mission menée par l’Union dans la région. L’opération IRINI, lancée en mars 2020, est une mission maritime qui a pris le relais de l’opération Sophia, afin de lutter contre l’immigration clandestine et d’assurer l’embargo sur les armes en Libye. Mais la mission ne reçoit pas que des éloges. Peu après son lancement, Jeune Afrique titrait :« L’opération Irini est conçue pour ne pas sauver de vies ». L’opération ne permettrait ni de lutter contre l’approvisionnement en armes par les puissances étrangères, ni de freiner les départs de réfugiés et de migrants irréguliers vers l’Europe.
De manière plus générale, l’action extérieure de l’Union en Libye semble bien faible face aux autres puissances qui ont débarqué sur place. C’est notamment le cas de la Turquie et de la Russie, qui soutiennent respectivement Al-Sarraj et Haftar. Au milieu de tout cela, l’Union se cherche une place, tiraillée par les différentes visions politiques des Etats qui les composent. Au détriment des migrants qui voient leur rêve d’Europe s’arrêter à quelques dizaines de kilomètres des côtes.
Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.