Prix Václav Havel : Place aux droits des femmes et à l’égalité des genres4 minutes de lecture
Chaque année depuis 2013, le Conseil de l’Europe décerne le prix des Droits de l’homme Václav Havel. Ce prix symbolique permet surtout au vainqueur d’obtenir 60 000 € de récompense pour « des actions exceptionnelles de la société civile dans la défense des droits de l’homme en Europe et en dehors du continent [européen] ». Cette année, ce sont trois femmes ou groupes de femmes qui ont été présélectionnées.
Prix Václav Havel : A qui rend-on hommage ?
Václav Havel était un écrivain et homme politique tchèque. Pendant la Guerre Froide, ses écrits critiquent le régime communiste en place – une dictature aux liens très étroits avec la Russie -, ce qui lui a valu plusieurs arrestations. A la fin des années 1980, alors que les régimes communistes sont en proie à de nombreuses contestations, il prend la tête des opposants au régime puis accède à la présidence de la République. Il a assuré ces fonctions entre 1989 et 1992, puis de 1993 à 2003.
Trois pays, trois candidates, trois combats
Pour 2020, trois candidatures ont été retenues pour remporter le Prix.
- Julienne Lusenge, République démocratique du Congo, Afrique. Cette militante a rassemblé un nombre considérable d’informations concernant les exactions pratiquées sur les femmes en RDC, allant des violences aux agressions sexuelles. Rappelons que le pays est déstabilisé depuis de nombreuses années par des conflits entre groupes armés, en particulier dans l’Est du pays. Des conflits qui ont notamment vu l’utilisation du viol comme méthode de guerre. Les combats menés par Julienne Lusenge ont pesé dans la condamnation de criminels de guerre congolais – qui jouissent régulièrement d’une certaine impunité – , en apportant des preuves de recrutement d’enfants soldats ou d’esclavage sexuel.
- Les Sœurs de l’Ordre Drukpa, Népal, Asie. Ce groupe de femmes religieuses opère à l’échelle de leur communauté religieuse et de leur village, situé dans l’Himalaya. Le Conseil de l’Europe les a retenues pour deux raisons. D’abord, leur intervention à la suite d’un tremblement de terre en 2015 qui a permis d’acheminer des provisions dans les zones sinistrées. Ensuite, pour leur promotion de la tolérance interculturelle, de l’égalité des genres et de l’environnement dans leur village. Parfois surnommées les « nonnes kung-fu », elles enseignent cet art martial aux femmes à des fins d’auto-défense.
- Loujain Al-Hathloul, Arabie Saoudite, Proche-Orient. La situation de cette avocate militante des droits des femmes en Arabie Saoudite a fait l’objet d’une grande médiatisation et est sans doute la plus préoccupante. Loujain Al-Hathloul avait été arrêtée au moment de la fin de l’interdiction de conduire pour les femmes saoudiennes, interdiction pour laquelle elle avait milité. Jugée par une cour spécialisée dans le terrorisme, le procès a été largement commenté à l’international, la France et l’Allemagne demandant même sa libération. Elle a été condamnée à plus de cinq ans de prison. Loujain Al-Hathloul, qui avait été détenue provisiorement en vue du procès, a déclaré avoir subi des actes de torture et d’harcèlement sexuel. Du côté des autorités saoudiennes, le discours est tout autre. Niant ces allégations, elles déclarent avoir envoyé la militante devant la justice pour avoir transmis des informations confidentielles à d’autres Etats. Cependant, aucune preuve de ces accusations n’ont été présentées par le gouvernement à ce jour. Elle a été finalement libérée par le régime le 10 février 2021.
Ce n’est pas la première fois que l’Arabie Saoudite est épinglée pour ses entorses aux droits de l’Homme. Récemment, un groupe d’ONG (organisations non-gouvernementales) avait signé une tribune demandant aux participants du rallye Dakar qui se tient en ce moment en Arabie Saoudite de « dénoncer les violations des droits humains ». A l’heure ou nous publions, aucune des pilotes inscrites sur la liste des concurrentes et concurrents et possédant un compte Twitter ne s’étaient exprimées à ce sujet depuis le début de la course.
Cette absence de positionnement n’est pas propre à la sphère sportive. Du côté français, par exemple, sur la scène internationale, les négociations commerciales et la diplomatie conduisent souvent les autorités à mettre de côté les violences pratiquées par le régime saoudien.
Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.