Premier pas vers une Europe de la santé4 minutes de lecture

La pandémie de Covid-19 a mis en exergue la nécessité pour les Etats membres de l’Union de combattre ensemble les problèmes sanitaires globaux. La Commission européenne a annoncé le 11 novembre sa volonté de bâtir une Union européenne de la santé, avec deux objectifs : mieux préparer et mieux gérer les crises.

 

Un cadre de sécurité sanitaire renforcé

La tâche n’est pas mince et le chemin sera sans doute long. L’Union souhaite tirer des leçons des erreurs commises dans la lutte contre le coronavirus. Son mot d’ordre, assurer aux citoyens des Vingt-Sept des soins de qualité pour les crises sanitaires futures, et mieux équiper les Etats membres pour les affronter.

Dans les faits, cela se traduirait par l’adoption d’un règlement « relatif aux menaces transfrontalières graves pour la santé », permettant ainsi de renforcer le cadre sécuritaire de l’UE. Sa réalisation passerait par une surveillance renforcée de la situation épidémiologique, un soutien aux plans de lutte nationaux par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies et la mise sur pied d’un plan de préparation aux crises sanitaires et aux pandémies.

Le partage de l’information étant crucial mais loin d’être acquis dans la sphère administrative, le renforcement du cadre de sécurité passerait par une mutualisation de certaines données médicales de première importance : disponibilité de lits, capacités de traitement en soins intensifs et spécialisés, recensement du personnel soignant.

 

Nouveau mandat pour les agences européennes

Les agences européennes ont un rôle de premier plan dans la gestion des crises sanitaires. La Commission prévoit un nouveau plan pour le Centre de prévention et de contrôle des maladies. Il serait mandaté pour surveiller la situation épidémiologique, formuler des recommandations nationales, proposer une aide locale et développer un réseau de laboratoires de référence.

L’Agence européenne du médicament quant à elle verrait ses tâches de surveillance des pénuries renforcées. Elle aurait également la charge de la coordination des essais cliniques et de l’efficacité des vaccins.

La Commission envisage enfin de créer une Autorité pour la réaction aux urgences sanitaires d’ici 2021. Elle serait concentrée sur le développement de nouveaux médicaments et interviendrait en situation d’urgence.

 

S’affranchir de nombreuses problématiques

La constitution d’une Europe de la Santé ne se fera pas sans résoudre des problèmes parfois lourds. Certes, le Parlement européen a réussi à obtenir de nouveaux fonds pour lutter contre le Covid-19 et augmenter le budget de santé de l’Union. Mais, le manque de solidarité envers certains Etats, comme l’Italie, lors de la première vague, a laissé des traces dans les esprits.

De plus, il s’agira sans doute pour les Etats d’accroître leurs dépenses en matière de santé, qu’il s’agisse de matériel ou de personnel. Sont-ils prêts à investir dans ce service public alors que d’autres secteurs sont également demandeurs ? Rien n’est moins sûr.

Pour finir, l’Europe devra régler à court terme le problème de la production de médicaments. La création d’une Autorité pour la réaction aux urgences sanitaires est à ce titre la bienvenue. Il n’est pas question aujourd’hui de parler de sécurité d’approvisionnement sanitaire. La course aux masques et aux respirateurs a fait suffisamment de dégâts depuis février 2020 et, s’agissant des médicaments, ce sont entre 60 et 80% des principes actifs qui sont produits hors d’Europe, principalement en Asie. La raison ? Des coûts de production bien plus faibles qu’en Europe. Ce maillon de la chaîne d’approvisionnement doit absolument être réparé.

 

Les Vingt-Sept ont fait part de leur ambition de renforcer l’intégration européenne. Après l’économie, la politique, la culture, le commerce et parfois la politique étrangère, c’est la santé qui entrerait dans le champ de compétences de l’Union. Si elle y parvient, le succès serait retentissant, bien sûr pour sa place sur la scène internationale, mais surtout pour la santé de ses citoyens.

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.