Bientôt la fin des messageries cryptées dans l’Union européenne ?3 minutes de lecture

  Ces derniers mois ont été marqués par de nombreux attentats terroristes liés à la mouvance islamiste en Europe : l’attaque à proximité des anciens locaux de Charlie Hebdo fin septembre, une attaque au couteau à Dresde, en Allemagne, début octobre, l’assassinat de Samuel Paty mi-octobre, l’attaque au couteau à la basilique Notre-Dame de Nice à la fin du même mois et, enfin, la fusillade de Vienne au début de ce mois de novembre. Autant d’événements qui poussent les États européens à chercher à parfaire leurs méthodes de renseignement antiterroriste. Selon les médias autrichiens l’Union européenne envisagerait d’interdire les systèmes de cryptage permettant à des applications de messagerie, comme WhatsApp, Telegram ou encore Signal, d’assurer l’inviolabilité des communications de leurs utilisateurs.

Les messageries cryptées pointées du doigt

  Mais ce n’est pas la première fois que les messageries cryptées sont pointées du doigt dans le cadre de la lutte antiterroriste. En août 2016 déjà, peu après l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, revendiqué par l’État islamique, la France, soutenue par l’Allemagne, avait demandé à la Commission européenne d’étudier la possibilité d’obliger ces messageries cryptées à coopérer dans le combat contre le terrorisme. Le but était alors de leur faire retirer certains contenus et en les forçant si besoin à déchiffrer certains échanges.

  Les principales de ces messageries cryptées visées sont WhatsApp (propriété de Facebook), Signal (autre messagerie cryptée originaire des États-Unis) ou encore Telegram (créée par les frères russes Nikolaï et Pavel Dourov, aussi fondateurs de VKontakte, l’homologue russe de Facebook). Elles sont régulièrement accusées d’être de véritables nids à terroristes. Elles facilitent notamment la diffusion de propagande islamiste en toute anonymité, via des groupes de discussion. Ce problème est particulièrement mis en avant pour l’application Telegram, qui, même si elle annonce faire des efforts depuis plusieurs années, avec le blocage de comptes et la suppression de nombreux contenus, resterait un réseau particulièrement plébiscitée par les réseaux djihadistes.

  Ce dimanche 8 novembre, les médias autrichiens ont donc publié un brouillon de projet de résolution du Conseil de l’Union européenne du 6 novembre dernier. Il ne s’agit que d’un brouillon, daté de quatre jours après l’attaque de Vienne, tandis qu’un texte plus élaboré devrait être présenté le 19 novembre pour une éventuelle adoption. Reste à savoir dans quelle mesure le texte final ressemblera à celui qui a été publié par les journalistes autrichiens.

Libertés et usages des messageries cryptées

  D’autant plus que ces différentes applications de messagerie cryptées sont largement utilisées en Europe, par les simples citoyens d’abord, mais aussi par le personnel politique lui-même. En France notamment, il utilise largement la messagerie Telegram, y compris jusqu’au sommet de l’État. Puisque c’est sur cette application que Emmanuel Macron aurait préparé sa campagne présidentielle de 2017, et continuerait de communiquer avec ses ministres par son intermédiaire. On comprend pourquoi, tant la question de la sécurité des échanges semble aujourd’hui essentielle, face aux dangers de pistage et d’espionnage sur Internet.

  Au-delà des communications stratégiques, qu’il s’agisse de celles des politiques, des dirigeants ou même au sein d’entreprises, une telle proposition d’interdiction des messageries cryptées pose aussi plus largement la question des libertés et du respect de la vie privée en ligne.

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