Anniversaire de la chute du mur de Berlin : les restes du symbole de la Guerre froide en Europe4 minutes de lecture

Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait et annonçait la réunification prochaine d’une Allemagne littéralement coupée en deux depuis plus de quarante ans. Souvenir on ne peut plus parlant de la Guerre froide en Europe, le mur matériel a disparu dans sa globalité, quelques kilomètres restent debout pour l’Histoire. Mais, au-delà du béton gris, il n’est aujourd’hui pas si absent qu’on pourrait le croire au premier regard.

 

Le retour du mur physique

Après une période où l’on a cherché à détruire toute trace du mur, on assiste aujourd’hui à une volonté de conserver des traces matérielles du mur. A commencer par le très touristique Checkpoint Charlie, détruit puis reconstruit en carton-pâte. Plusieurs sections (6) de mur ont également été conservées et mises en valeur, notamment l’East Side Gallery, ou encore le maintien de cinq miradors. Un parcours touristique est également proposé afin de découvrir l’histoire du mur, autour d’une trentaine de points. Le mur constitue aujourd’hui un incontournable touristique, agrémenté de son mémorial et de son musée.  Ensuite, si le mur ne subsiste qu’en quelques portions de ses 170 km originels, les références qui lui sont accordées sont multiples. Des particuliers ont, par exemple, érigé de petites croix rendant hommage aux victimes qui ont eu l’audace, récompensée ou non, de franchir le mur. Plus globalement, le tracé du mur abattu est aujourd’hui matérialisé par deux lignes parallèles de pavés et des plaques de fonte.

 

Berlin vue d’en haut

A l’échelle de la ville dans son ensemble, d’autres éléments laissent à penser que le mur, même abattu, subsiste dans les rues berlinoises. L’un des astronautes de la station ISS a réussi à prendre un cliché de la ville depuis la station et le constat est assez édifiant. L’ancien Berlin Ouest est, de nuit, nettement plus éclairé que l’Est, de par sa densité économique et même la nature des faisceaux lumineux. A l’Ouest, on utilise des lampes fonctionnant au mercure ou au gaz, alors qu’à l’Est, c’est davantage la vapeur de sodium qui prime.

 

Les traces du passé architectural

Au niveau de l’architecture et de l’organisation de l’espace aussi, des différences majeures demeurent. A l’Ouest, les bâtiments n’obéissent pas à un universalisme architectural tel qu’il s’observe à l’Est. La modernité contraste avec les banlieues staliniennes, répétitives. Au niveau de la statutaire également cette fracture est incontestable. L’Est communiste a eu tendance à effacer les traces du passé – en particulier nazi  -de la ville, au profit de statues de Staline, Lénine, ou de simples marteaux et faucilles. A Berlin Ouest, à l’inverse, le passé n’a pas été rasé et on trouve toujours, par exemple, les ruines de l’église commémorative du Kaiser Wilhelm – même si depuis 2006 le Palais de la République a été rasé. De même, Berlin-Ouest était entourée par le mur, ce qui explique une expansion plus limitée du bâti qu’à l’Est.

 

Faire vivre l’héritage de la RDA

D’autres lieux moins tape-à-l’œil continuent de raconter l’histoire divisée de la ville. Dans la Karl-Marx Allee, c’est le cas du Café Sybille qui a aujourd’hui abaissé son rideau de fer. Il accueillait jadis des débats, des concerts en présence d’intellectuels, d’anciens ambassadeurs de Cuba ou du Nicaragua, mais était surtout perçu comme « un endroit de Berlin où l’héritage positif de la RDA continuait de vivre et où il était rappelé que son histoire ne se réduisait pas à celle de la Stasi » selon Ute Donner, une artiste peintre qui avait lancé une pétition pour sauvegarder ce lieu devenu si atypique.

 

Finalement, si le mur de Berlin est physiquement tombé, on peut parler aujourd’hui d’une frontière fantôme. Dans les comportements des habitants notamment, qui estiment que telle ou telle partie de la ville leur appartient. Des traces de mur sont encore visibles, certains espaces proches du centre ville sont abandonnés au temps qui passe, mais entretiennent la coupure de la ville. Difficile finalement de dire que le mur est tombé pour de bon à Berlin, et encore plus difficile d’envisager sa chute définitive dans ses aspects matériels comme dans les coutumes des Berlinoises et Berlinois.

 

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.