Pays-Bas : le parti de Mark Rutte renforce son assise à la Chambre des députés3 minutes de lecture
Les libéraux et conservateurs du parti VVD ont remporté, mercredi 17 mars, les élections législatives aux Pays-Bas. Le Premier ministre démissionnaire Mark Rutte, à la tête des gouvernements de coalition depuis 2010, est reconduit pour quatre nouvelles années.
Mark Rutte et le VVD repartent pour quatre ans
A l’issue du scrutin de mercredi dernier, le parti libéral et conservateur VDD conforte ses positions au sein de la Chambre des députés. Il occupe en effet 35 sièges contre 33 avant le dépouillement. Le corps électoral néerlandais accorde donc une nouvelle fois sa confiance au VDD et à Mark Rutte. Pourtant, celui-ci avait démissionné à la mi-janvier. En cause, deux scandales administratifs liés à l’attribution d’allocations familiales et de fichage ethnique.
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Le parti d’extrême-droite PVV de Geert Wilders, connu pour ses positions anti-Islam assumées, perd trois sièges. Cependant, les 17 sièges remportés suffisent pour être le premier parti d’opposition. Les libéraux et démocrates du parti D66 arrivent en seconde position et remportent 23 sièges (+4 par rapport à 2017). La gauche, fragmentée entre le parti GL – gauche verte -, les socialistes du SP et les travaillistes du PVDA, sera sans doute laissée de côté pour la constitution de la future coalition. Elle totalise d’ailleurs moins de 30 sièges sur les 150 que compte la Chambre des députés. Notons enfin la percée du Forum pour la démocratie, FVD, formation populiste, qui passe de 2 sièges à 8. Un résultat qui fragmente l’extrême-droite néerlandaise.
Mark Rutte devra effectivement constituer une coalition de façon à être majoritaire à la Seconde assemblée. Le choix est large, 16 autres formations sont représentées. Une certitude, Rutte refuse toute coalition avec le PVV. Libre à lui de composer avec les 15 autres partis. Les démocrates du D66 intégreront forcément cette coalition, comme c’était le cas dans la précédente. C’est aussi le cas des démocrates chrétiens de CDA. Toujours est-il que la coalition doit rassembler 76 sièges pour être majoritaire sur l’opposition.
Vers une nouvelle position néerlandaise au sein de l’Union européenne ?
Le parti démocrate figure presque comme le vainqueur de ces élections législatives, tant le VDD semble intouchable. Néanmoins, la coalition nécessite de faire des compromis. Démocrates et conservateurs devront s’entendre sur des dossiers portés par les premiers. Sur le plan intérieur, D66 porte une voix plus progressiste et verte. Sur le plan européen, le parti espère récupérer le Ministère des Finances.
A l’échelle européenne, selon Libération, ce scénario mettrait les Pays-Bas dans une position moins intraitable sur les questions financières. Les autorités néerlandaises avaient montré leur intransigeance vis-à-vis des pays aux dettes publiques élevées au moment des négociations du budget européen 2021-2027 et du plan de relance de l’économie.
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Certes, les Ministres des Finances des Vingt-Sept représentent leurs pays au Conseil de l’Union européenne. Mais ce sera toujours M. Rutte qui défendra les intérêts nationaux lors des Conseils européens pour les quatre prochaines années. En attendant sa prochaine réélection ?
Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.
Bonne analyse des enjeux post-électoraux, cher Léo. Néanmoins, j’aimerais ajouter que même si le D66 (centre-gauche libéral et progressiste) obtenait le ministère des finances, je ne suis pas sûr que la position néerlandaise soit moins stricte concernant les discussions budgétaires. Rappelons-nous que c’est Jeroen Dijsselbloem, membre du parti travailliste (social-démocrate) et président néerlandais de l’Eurogroupe (2013-2018), qui était uns des plus durs avec Tsipras. Rappelons-nous aussi que parmi les pays dits « frugaux » se trouvent outre l’Autriche (avec un gouvernement de coalition entre les verts et les conservateurs) le Danemark et la Suède, qui sont soutenus par des majorités que les Français qualifieraient de « gauche plurielle ». En matière de négociations budgétaires européennes, je pense que les résultats électoraux importent relativement peu; c’est plutôt les intérêts des Etats-membres qui prennent le dessus.