Chômage : la France dans la moyenne de l’Union, les jeunes d’Europe asphyxiés5 minutes de lecture
Eurostat, l’office des statistiques de l’Union européenne, a publié le 8 janvier dernier ses derniers chiffres du taux de chômage en Europe. Ces données, qui datent de novembre 2020, montrent l’impact significatif de la crise sanitaire sur l’emploi, en particulier chez les jeunes.
Un taux de chômage global en baisse après une forte hausse due à la pandémie de Covid-19
La notion de chômage est complexe. Au sein d’un même pays, plusieurs catégories de chômeurs existent, comme en France. Pour cette étude, Eurostat définit un chômeur de la manière suivante : « les chômeurs sont les personnes âgées de 15 à 74 ans qui étaient sans travail au cours de la semaine de référence, étaient disponibles pour travailler, et étaient activement à la recherche d’un travail au cours des quatre semaines précédentes ou avaient trouvé un emploi devant débuter dans les trois mois suivants. »
Les chiffres publiés dans le communiqué de presse du 8 janvier 2021 estiment des taux de chômage de 8,3 % dans la zone euro – 19 pays, pas tous membres de l’Union – et de 7,5 % en novembre 2020. Ces deux tendances à la baisse représentaient respectivement environ 13 600 000 personnes dans la zone euro et près de 16 millions dans l’UE. Pour autant, par rapport au mois de novembre 2019, ce sont plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires qui ont été recensées.
La crise sanitaire a évidemment provoqué des hausses massives de chômage partout sur le continent, alors que le nombre de chômeuses et chômeurs diminuait sans interruption ou presque depuis 2013, année au cours de laquelle les taux de chômage avaient atteint leur pic à la suite de la crise de 2008, dite des subprimes : 12 % pour la zone euro et 11,5 % pour l’UE.
L’étude d’Eurostat différencie également les hommes et les femmes – le taux de chômage des femmes est plus élevé que celui des hommes dans la zone euro comme dans l’UE – et surtout, présente la situation des jeunes, c’est-à-dire, ici, les moins de 25 ans. Ce taux était, toujours en novembre 2020, de 18,4 % dans la zone euro et de 17,7 % dans l’Union, en hausse par rapport à octobre 2020. Ces mêmes jeunes avaient eux aussi payé le prix fort de la crise des subprimes, avec un taux de chômage atteignant jusqu’à 25 % en 2013.
La France dans le ventre mou de l’Union et de la zone euro, l’Espagne mauvaise élève
Les chiffres globaux présentés à l’instant cachent des réalités très diverses au sein des Vingt-Sept. La République Tchèque affiche en effet le taux de chômage le plus bas parmi les pays étudiés (2,9 %), tandis que l’Espagne arrive à 16,4 % en novembre 2020. La France elle se situe à 8,8%, donc au-dessus de la moyenne de la zone euro.
Concernant les jeunes, c’est l’Allemagne qui affiche le taux de chômage le plus faible de l’étude (6,1 %) et c’est encore l’Espagne qui fait part des plus grandes difficultés, avec un taux de 40,9 % de chômage chez les moins de 25 ans. La France affiche un taux inquiétant de 22,1 %, nettement au-dessus des moyennes de la zone euro et de l’UE.
On constate également que les pays qui avaient déjà été fortement touchés par la crise bancaire et de la dette publique de 2008 ont une nouvelle fois vu leurs économies très touchées par la pandémie : l’Irlande, la France, le Portugal, l’Espagne et la Grèce notamment. Notons par ailleurs que la Finlande et la Suède, deux Etats du Nord de l’Europe pourtant très rigoureux et orthodoxes dans leurs affaires économiques et financières, affichent des taux de chômage des jeunes supérieurs à 20 %.
Quelles solutions dans le plan de relance en France ?
En France, le gouvernement a lancé le plan « France relance » doté de 100 milliards d’euros en juillet 2020 pour redresser l’économie. Pour l’emploi des moins de 25 ans – 750 000 jeunes sont arrivés sur le marché de l’emploi en septembre 2020 -, le plan « 1 jeune 1 solution » prévoit plusieurs mesures :
- Entrée dans la vie professionnelle : exonérations de 4 000 € de charge pour un recrutement de jeune entre août 2020 et janvier 2021 ; 5 000 € d’aides pour recruter une alternance de moins de 18 ans, ou 8 000 € si l’alternance concerne un ou une jeune de plus de 18 ans. Le dispositif d’emploi franc a été renforcé pour le recrutement en CDD, CDI et des places supplémentaires dans le domaine du sport sont prévues.
- Orientation vers les « métiers d’avenir » : 100 000 formations qualifiantes ; formations dans le domaine des soins ; parcours décrochage scolaire ; nouvelles places de formation pour les CAP et BTS.
- Accompagnement des personnes en difficulté et décrochage scolaire : garantie jeunes et accompagnement intensif jeunes et une intention particulière serait portée sur les métiers des sports et de l’animation (parcours SESAME).
Certaines dispositions du plan de relance ont été vivement commentées dans les médias, en particulier le dispositif de service civique. Une récente enquête de Khedidja Zerouali pour Mediapart montre que ce dispositif participerait à l’accroissement des inégalités sociales, puisqu’il serait devenu « une manière d’employer les jeunes précaires à bas coût ». Une enquête locale menée par le journal indépendant de l’Anjou La Topette interroge la frontière entre les missions effectuées par les jeunes volontaires en service civique et un emploi à part entière. Rappelons également qu’au-delà de l’indemnité perçue par les jeunes volontaires – environ 580€ mensuels -, ces missions ne peuvent s’inscrire dans le long terme et ne sont pas renouvelables. Les jeunes en question devront ainsi retourner sur le marché de l’emploi, qui sera à nouveau confronté à l’arrivée des jeunes diplômées et diplômés de la cuvée 2021. Une solution provisoire qui ne pourra en aucun cas s’inscrire dans le temps long.
Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.