Ça s’est passé pendant la pause de Noël #4 : accord d’investissements UE-Chine et nouvelle présidence au Conseil de l’Union4 minutes de lecture

Au tournant de 2020 et au moment d’entrer en 2021, le Brexit a largement mobilisé le paysage médiatique français, rendant ainsi plus discrets deux autres événements majeurs pour l’Union : sur le plan de ses relations économiques et commerciales avec ses partenaires mondiaux, mais aussi dans le champ institutionnel.

Un accord d’investissements controversé conclu avec la Chine

Réunis en visioconférence face au président chinois Xi Jinping, la présidente de Commission Ursula Von der Leyen, le président du Conseil européen Charles Michel et les dirigeants français et allemand Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont entendus pour conclure un accord d’investissements.

Sur le papier, « la Chine s’est engagée à offrir aux investisseurs de l’UE un niveau d’accès au marché plus élevé que jamais, notamment en ouvrant certains nouveaux marchés importants. La Chine s’engage également à garantir un traitement équitable pour les entreprises de l’UE afin qu’elles puissent affronter la concurrence dans des conditions plus équitables en Chine ». Les entreprises chinoises, réputées largement favorisées par rapport à leurs consœurs étrangères sur le marché chinois, se verraient ainsi être traitées de la même façon par les autorités de Pékin. Ce qui a également fait couler beaucoup d’encre, ce sont les engagements qu’auraient pris la Chine vis-à-vis du travail forcé. Quelques jours avant ces négociations, le Parlement européen avait adopté une résolution à ce sujet, condamnant le travail forcé organisé par les autorités chinoises à l’encontre des minorités ethniques du pays, en particulier les Ouïghours. Ainsi, d’après le communiqué de la Commission, le respect de l’accord sera garanti par un mécanisme de surveillance.

Présenté comme une véritable avancée dans les relations sino-européennes et apportant des améliorations en droit du travail, cet accord semble pourtant loin d’être aussi remarquable. C’est en tout cas ce qu’estiment Frédéric Lemaître et Cédric Vallet, journalistes au Monde. D’abord, d’un point de vue commercial, l’accord aidera la Chine à assurer les garanties qu’elle a prises en termes de concurrence et de traitement des entreprises, mais en aucun cas, ces garanties sont formelles. Dans la même veine, la Chine est uniquement encouragée à faire des efforts en termes de droits des travailleurs, mais sans obligation contraignante de résultats. L’accord constitue une première étape, c’est vrai, mais il faut prendre garde à ne pas surestimer sa portée.

Le Portugal à la tête du Conseil de l’Union pour les six prochains mois

Tous les six mois, la présidence du Conseil de l’Union est assurée à tour de rôle par les Vingt-Sept. Une procédure institutionnelle qui permet à chaque Etat de prendre les commandes dans des domaines de premier plan. Rappelons que le Conseil participe pleinement à la procédure législative et l’adoption du budget, définit la politique étrangère de l’Union et conclut les accords commerciaux.

Au revoir Berlin…

La présidence allemande du Conseil a été particulièrement mouvementée avec de gros dossiers à gérer : la pandémie de Covid-19, l’adoption du plan de relance et du budget européen pour la période 2021-2027 et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Si la crise sanitaire est loin d’être terminée, de bons éléments sont à retenir. Après plusieurs semaines de blocage en raison du veto hongrois et polonais dans l’adoption du plan de relance, les Vingt-Sept sont parvenus à un compromis permettant d’enclencher l’utilisation des 750 milliards d’euros mis sur la table pour relancer l’économie affectée par la pandémie. Et surtout, après plus de quatre ans de négociations et de rebondissements en tous genres, un accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union a été signé en dernière minute.

… Bonjour Lisbonne

A présent, il revient au Portugal d’assumer de lourdes responsabilités. Les autorités de Lisbonne ont défini trois priorités à dans le cadre de leur présidence :

  • « Promouvoir une reprise tirée par les transitions climatiques et numériques;
  • Réaliser le socle européen des droits sociaux de l’Union européenne en tant qu’élément différenciant et essentiel pour assurer une transition climatique et numérique juste et inclusive;
  • Renforcer l’autonomie d’une Europe qui doit rester ouverte sur le monde, prendre la tête de l’action climatique et promouvoir une transformation numérique au service des citoyens.» 

Il revient ainsi au Portugal d’assurer la mise en œuvre du plan de relance, mais ces autres dossiers seront également des temps forts de cette présidence :  un sommet social début mai 2021 consacré aux droits sociaux ; une rencontre avec le premier ministre indien pour tendre vers l’autonomie stratégique européenne – nous y consacrerons un article prochainement – ; assurer les nouvelles relations avec le Royaume-Uni et avancer dans la politique migratoire, à la suite de la présentation du nouveau pacte sur les migrations présenté par la Commission en septembre 2020. Et tout cela, en l’espace de six mois.

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.