Causons de Bosnie-Herzégovine3 minutes de lecture

A l’occasion des fêtes nationales, Causons d’Europe vous propose un éclairage sur un Etat européen afin de mieux le cerner et de découvrir ses dernières actualités. On fait le point tout de suite avec la fête nationale de la Bosnie-Herzégovine, célébrée le 25 novembre pour commémorer les événements du 25 novembre 1943.

Quelques précisions politiques

Précisons que les célébration du 25 novembre ne sont en rien des moments d’union nationale en Bosnie-Herzégovine. Le pays est en effet divisé en deux entités : la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie, appelée Republika Srpska.  Or, le 25 novembre 1943 correspond à la date de création du Conseil d’Etat antifasciste, qui regroupait les résistants de la Yougoslavie face à l’occupant nazi. Les Serbes considèrent donc cette date comme n’ayant rien à voir avec l’histoire nationale, le pays étant indépendant seulement depuis 1995.

La Bosnie-Herzégovine est un régime parlementaire décentralisé. La présidence est assurée de façon collégiale, par différents représentants des peuples qui composent l’Etat : Croates, Serbes, Bosniaques. Depuis le 20 novembre, c’est le Serbe Molirad Dodik qui est à la tête de la Bosnie-Herzégovine.

Un peu d’histoire récente

Entre 1945 et 1991, la Bosnie-Herzégovine est une composante de la Yougoslavie qui regroupait six Etats fédérés. Elle a fini par éclater dans la douleur dans les années 1990. Les particularismes et nationalismes de tous bords avaient été contenus lorsque Tito était au pouvoir, entre 1945 et 1980. A sa mort la même année, les nationalismes des différentes fédérations se réveillent, en parallèle de la crise économique et politique. En juin 1991, la Slovénie et la Croatie se proclament indépendantes. La Bosnie-Herzégovine leur emboite le pas en mars 1992. Mais, du fait de la diversité ethnique de cette partie de la Yougoslavie (Musulmans, Serbes orthodoxes, Croates surtout catholiques), la situation dégénère en un violent conflit. Au printemps 1992, l’armée serbe de Yougoslavie (qui ne souhaite pas voir l’entité disparaître), entreprend un « nettoyage ethnique » en Bosnie. Deux événements majeurs sont à retenir.

D’abord, le siège de l’actuelle capitale bosniaque, Sarajevo, par les troupes serbes. Le siège dure près de quatre ans et se termine à la fin du mois de février 1996. Bilan, dix mille victimes civiles. Dans le même registre macabre, en juillet 1995, les milices serbes assassinent 8 000 hommes et adolescents à Srebrenica. L’ONU, qui s’était investie dans le conflit, n’est pas parvenue à provoquer d’intervention décisive pour envisager la fin des hostilités. Finalement, les accords de Dayton de 1995 entérinent l’indépendance de la Bosnie. Elle se compose aujourd’hui de la Fédération de Bosnie-Herzégovine et de la République serbe de Bosnie.

Les nombreux crimes de guerre recensés lors du conflit ont conduit à la création du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Celui-ci visait à traquer et juger les responsables de ces crimes, avant que le mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux ne prenne le relais. En 2017, le TPIY avait condamné à perpétuité l’ancien général Ratko Mladic pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide. En 2019, il a également condamné à la prison à vie Radovan Karadzic, ancien chef politique des Serbes de Bosnie, pour les mêmes motifs.

Et dans l’actualité ?

A la mi-novembre 2020, les Bosniaques se rendaient aux urnes à l’occasion des élections locales. Le scrutin a été marqué par d’importantes défaites pour les différents partis nationalistes dans plusieurs villes.

A terme, la Bosnie-Herzégovine souhaite entrer dans l’Union européenne. Elle a aujourd’hui le statut de candidat potentiel et est liée à l’UE par divers accords de coopération. En 2016, elle a déposé une demande d’adhésion auprès des institutions européennes, qui ont identifié 14 points essentiels sur lesquels le pays devait absolument avancer pour intégrer l’Union : démocratie, droits fondamentaux, administration, état de droit par exemple. Le chemin vers l’adhésion définitive est donc encore long.

 

 

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Âgé de 23 ans, Léo est l’un des trois fondateurs de Causons d’Europe. Ayant obtenu une licence d’Histoire et un master de Relations Internationales, il est actuellement en service civique chez Radio Campus Angers. Son dada ? Causer d’Europe avec celles et ceux qui ne disposent pas de beaucoup d’informations à ce sujet, voire n’en disposent pas ! Passionné par la politique, le sport, l’Europe et le monde, les mouvements sociaux, la presse indépendante … Il répond toujours présent pour exprimer son avis, de préférence à l’encontre des discours consensuels, et il se rapproche des lectrices et lecteurs pour s’assurer de sensibiliser le public le plus large possible.